Constat n Le métier d'opérateur projectionniste de cinéma, se trouve «marginalisé» au moment où , paradoxe, le 7e art algérien vit une phase de réhabilitation salutaire. La fermeture de nombreuses salles de cinéma à Alger et dans bien d'autres régions ainsi qu'une crise aiguë de la production cinématographique sont assurément à l'origine d'une léthargie ayant affecté le monde du cinéma en Algérie, sans épargner, bien sûr, le métier de projectionniste pourtant doublement indispensable : pour le passage du film à l'écran et pour l'entretien du matériel de projection. Cette situation a fait naître une «réticence» chez les jeunes en formation dans les métiers du cinéma, constatent Slimane et Mabrouk, projectionnistes en activité, rencontrés par un journaliste de l'APS à la cinémathèque d'Alger, leur lieu de travail depuis plus de trente ans. A les entendre, l'avenir de ce métier – dont la mission principale réside dans la vérification de l'état de la copie du film, le montage des bobines, le réglage de l'image et du son pendant la projection, en plus de veiller au bon état du matériel – ne s'annonce pas prometteur, c'est le moins que l'on puisse dire, car il est sous-estimé voire négligé, déplorent-ils. Même s'ils saluent «l'intérêt» que porte le ministère de la Culture au développement du cinéma en Algérie, à l'image de la récente loi sur le cinéma, les deux orateurs soulignent l'importance de l'ouverture d'établissements spécialisés afin d'assurer une relève à cette activité nécessaire et de redonner au métier de projectionniste toute sa place. Après tant d'années passées au service du cinéma, avec ses moments de gloire et de galère, ils voient dans leur classement administratif actuel une forme de «mépris». «Peut-on imaginer une salle de cinéma sans projectionniste ? Notre métier est assurément vital, important et nécessaire. Hélas, il est sous-estimé et ne bénéficie d'aucune reconnaissance», se plaint Slimane. Pour Mabrouk, reconverti malgré lui comme agent de bureau, l'avenir du métier qu'il exerce «par passion», est «sombre et loin d'être prometteur». «Jusqu'à l'an 2000, sur ma carte professionnelle était portée la mention opérateur. Depuis, je me suis reconverti en agent de bureau bien que j'exerce toujours la fonction de projectionniste. Voyez-vous un peu comment ce métier est considéré ? Pour moi, son avenir est sombre», s'est-il désolé. Au-delà de la reconnaissance de leur métier, ils espèrent aussi voir des salles rouvertes, des projections de films régulières et surtout un public passionné et fidèle. En un mot, le grand retour du cinéma.