Mécontentement n Les étudiants, toujours en grève, envisagent de nouvelles démarches pour frapper encore plus fort en maintenant leur action sur le terrain. C'est ce qu'affirme, ce dimanche matin, Smaïl, étudiant à l'université de Boumerdès. «Nous n'avons obtenu pour l'instant que des promesses et nous exigeons une réponse officielle», poursuit-il. Les délégués des étudiants se sont donné rendez-vous aujourd'hui pour un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur. «Selon certaines informations, le président de la République aurait convoqué demain le ministre pour débattre de la question», ajoute notre interlocuteur. Les étudiants n'ont pas été convaincus par la réponse du ministre lors de la réunion de jeudi dernier. Ils ont décidé de poursuivre leur mouvement de protestation enclenché mercredi devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur. «Nous voulons du concret, voire une réponse favorable et immédiate à toutes nos revendications.» Ce qui n'a pas été fait par le ministre, qui «n'a même pas abordé l'un des volets importants, celui de la postgraduation», regrette un délégué de l'université de Boumerdès, contacté hier par téléphone. Pis encore, enchaîne-t-il, «la conférence recommande l'abrogation des modifications apportées par le décret 10-315 du 13 décembre 2010, qui a été transmis aux hautes autorités nationales pour leur mise en œuvre dans un court délai. Il n'y a que des recommandations dans le communiqué», s'indigne cet étudiant qui ne mâche pas ses mots : «Tant que nous n'aurons pas une réponse à nos doléances, nous poursuivrons notre grève.» Il est important de rappeler que l'équivalence magistère-mastère, la dévalorisation du diplôme d'ingénieur d'Etat sont autant de revendications ayant amené les étudiants de l'université de Boumerdès à passer la nuit à la belle étoile devant le siège de leur tutelle. Plus d'une centaine d'étudiants de l'INS (ex-IPS de Boumerdès) ont dû passer les nuits de mercredi à vendredi, devant le ministère pour obtenir une réponse favorable à leurs doléances. «Il y avait des provocations hier soir. Outre le froid et la pluie nous avons été menacés par les agents de la police, qui ont fait une démonstration de force pour nous faire taire et, surtout, nous disperser», a dénoncé un étudiant. Pour ce qui est des principales revendications, «la plateforme de nos revendications a été remise dans une lettre au ministre», dira à InfoSoir un représentant de la délégation regroupant 16 universités algériennes issues du système classique. «Nous avons pu entrer en contact avec les responsables qui nous ont fixé rendez-vous pour lundi 14 février. Cependant, la réponse du ministre n'était pas claire. L'axe principal des revendications s'appuie essentiellement sur l'annulation du décret présidentiel de 2010. L'ingénieur, à la faveur du décret présidentiel de 2010, est assimilé à un licencié en dépit du fait que son cursus universitaire soit bac+5», nous dit un étudiant de Bab-Ezzouar. «Comment peut-on aligner un diplôme de magistère (bac+7) avec celui d'un mastère (bac+ 5) du système LMD ?», s'interroge-t-il. Enseignants chercheurs Une pétition contre la réforme Après la réaction des enseignants de l'Ecole polytechnique à l'écoute de la gronde qui enfle suite aux réformes chaotiques engagées par la tutelle, ce sont les enseignants chercheurs qui, à leur tour, fustigent l'attitude des pouvoirs publics à l'égard de l'université algérienne. Dans une déclaration rendue publique, les enseignants chercheurs qui ont lancé une pétition en faveur des étudiants, dénoncent la politique entreprise par les autorités. Les quatorze signataires qualifient cette politique de «démantèlement de l'université algérienne par les pouvoirs publics au profit d'une politique néolibérale sauvage de l'enseignement supérieur». «Le décret présidentiel 10-315 du 13 décembre 2010 a dévalorisé les diplômes d'ingénieur d'Etat et de magistère, lit-on dans une déclaration commune.