200 étudiants ont passé la nuit de mercredi à jeudi devant le ministère de l'Enseignement supérieur à Alger. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, innove. Sa nouvelle trouvaille? Mener des négociations nocturnes avec les étudiants pour juguler leur contestation. Cela s'est passé durant la nuit de mercredi à jeudi. 200 étudiants ont passé la nuit devant le siège du ministère à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger. Ni le froid ni la pluie et encore moins le vent n'ont ébranlé leur détermination à faire aboutir leurs revendications. La tutelle a, de son côté, adopté une attitude qui laisse les observateurs pantois. «Il était minuit quand des représentants du ministère sont venus nous proposer de constituer une délégation pour exposer nos doléances au ministre», a témoigné un étudiant joint hier par téléphone. Rachid Harraoubia a-t-il passé la nuit dans son bureau? Une chose est sûre: les étudiants, eux, sont restés dehors jusqu'au matin. Un autre fait qui interpelle les observateurs: les mêmes représentants du ministère sont revenus à la charge vers 3 heures du matin. «Ils nous ont, encore une fois, assuré que le ministre allait nous recevoir dans son bureau», a soutenu un autre étudiant. La démarche du ministère déroute les esprits les plus avertis. Et pour cause, 3000 étudiants ont observé un sit-in devant le siège du ministère, mercredi dernier. Harraoubia n'a pas trouvé mieux que de leur interdire l'accès de son ministère. «Y en a marre de la hogra!», scandaient les manifestants en colère. Ces derniers, qui représentent 16 universités et 11 grandes écoles à l'échelle nationale, sont restés constants dans leur position. «Nous voulons du concret. Que le ministre s'engage à prendre nos revendications par des mesures officielles. Les promesses, nous enavons assez!», fulminait un représentant de la Coordination nationale des universités. Et de lui jeter un véritable pavé dans la mare.:«Le ministre a refusé de recevoir les représentants des universités, mercredi dernier (le jour du rassemblement).» Hermétique le jour et conciliant la nuit. La démarche de Harraoubia donne le tournis aux observateurs. Pourquoi refuser de recevoir les étudiants durant la journée et les inviter à des négociations la nuit? Il est vrai que la nuit porte conseil. Le ministre avait prévu de réunir les recteurs et directeurs des grandes écoles, jeudi matin. Quid de cette réunion? «Nous n'avons rien reçu d'officiel», a indiqué un étudiant, parmi les contestataires. La communauté estudiantine attend des réponses convaincantes à ses attentes. Elle est en colère. Et cette colère s'est traduite par de multiples actions menées ces derniers jours. Grèves, marches et sit-in ont jalonné le mouvement de contestation des étudiants à l'échelle nationale. Les universités d'Alger, de Boumerdès, de Tlemcen, de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Constantine, pour ne citer que celles-ci, attendent les résolutions de la réunion du ministre avec ses collaborateurs de pied ferme. Une autre organisation estudiantine est au front de la contestation. Il s'agit de la coordination des grandes écoles. Ce branle-bas de combat s'articule sur un point commun: l'annulation du décret n°10-315, paru le 15 décembre 2010. Ce décret fixe la grille indiciaire des traitements et les régimes indemnitaires et de rémunération des fonctionnaires. La balle est désormais dans le camp du ministère.