Vision n «L'entreprenariat est la solution qui pourrait amener la croissance économique entre 6 et 7%», a déclaré ce matin le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Reda Hamiani, sur les ondes de la chaîne III. A une question de savoir comment atteindre cet objectif alors que la part du secteur privé est marginale vu que sa productivité est quasi insignifiante et qu'il ne créé que peu d'emplois, Hamiani a pris la défense du privé. Il a indiqué qu'il ne partage pas ce constat tout en expliquant que le secteur privé est le plus grand employeur dans notre pays. En outre, il estime que l'activité toute branche d'activité confondue totalise environ 80% de la création des richesses. « Le privé est l'acteur majeur de la création de richesse dans notre pays. Malheureusement ces dernières années, compte tenu de la politique libérale qui a livré le marché algérien à des importateurs et une politique très ouverte de concurrence déloyale, l'industrie s'est affaissée», a-t-il indiqué. «Aujourd'hui, il y a une nécessité absolue de restructurer notre production pour ramener l'ensemble des intervenants sur le marché plutôt que de faire du commerce à prendre des risques, à produire et à satisfaire les besoins de cette population », a-t-il poursuivi. Selon lui, le secteur privé ne bénéficie pas d'un plan ambitieux de renforcement de ses capacités productives. Certes, il y a une politique de mise à niveau qui est engagée et une politique du foncier et de nos systèmes financiers, mais sur le terrain, ces actions engagées tardent à donner les résultats escomptés. Pour impliquer le privé dans le développement économique, M. Hamiani a mis en exergue la nécessité de faciliter l'accès au foncier. «Ça existe malheureusement un peu trop sur le papier, et pas suffisamment dans la réalité», a estimé M. Hamiani. Le foncier reste difficile d'accès dans les grandes villes du pays et reste très cher et enfermé dans des procédures qui ne sont pas très convaincantes. Pour rappel, les mesures prises par les pouvoirs publics en matière de foncier visent à mettre un terme au détournement du foncier industriel de sa vocation initiale par des opérateurs économiques. «Nous comprenons cette politique quand elle s'applique à Alger, à Blida ou à Oran, mais comment peut-on la justifier quand il s'agit de favoriser des investissements à Adrar ou Theniet el-Had ?», s'est-il interrogé. Selon lui, il faudrait des instruments de facilitation pour inciter nos industriels à s'établir hors zones sous tension (les principales villes). Des progrès ont été certes enregistrés ces dernières années en matière de foncier, mais fondamentalement ça reste encore un problème posé. Même chose pour les financements accordés par nos banques. «Beaucoup d'efforts ont été enregistrés dans ce domaine, mais globalement la création des entreprises et le soutien apporté par les banques et leur appréciation du risque ne sont pas des facteurs encourageants pour se lancer dans l'aventure industrielle», a-t-il conclu. Pourquoi pas un système de solidarité nationale ? «L'Algérie a les moyens et elle est en mesure de mettre en place un système de solidarité nationale qui prend en charge la forte demande sociale», a expliqué M. Reda Hamiani. A cet effet, il a donné un montant : 15 milliards de dollars qui représentent le volume des transferts sociaux qu'aucun pays d'Afrique du Nord ne peut créer pour les revendications à caractère économique. «L'Algérie peut agir», a-t-il ajouté. L'action du gouvernement s'est inscrite pour soutenir les prix des produits de grande consommation, notamment l'huile, le sucre et la farine, mais également les transferts sociaux à différents titres, à l'instar de l'aide au logement et le soutien du chômage. «Toute cette facture représente des efforts colossaux qui sont chiffrés à l'heure actuelle à 15 milliards de dollars», a souligné le président du FCE. Dans ce sens, notre pays est le seul de la région, grâce à ses rentrées pétrolières, qui soutienne une politique aussi active et aussi solidaire pour venir en aide à une population très éprouvée par la flambée des prix des principales matières premières dont nous avons besoin pour notre peuple.