Avis n «Il est illusoire de croire que l'Algérie puisse se satisfaire elle-même dans les années à venir», estime le président du forum des chefs d'entreprises. Jeudi, au Sénat, le ministre du commerce El-Hachemi Djaâboub, a déclaré : «Nous importons la moitié de notre consommation de blé tendre et dur.» Selon lui, l'Algérie qui importe annuellement près de 1,5 million de tonnes de céréales, de café et de sucre, importe également 100 000 tonnes de poudre de lait destinées à la production de 1,2 milliard de litres de lait pasteurisé. Selon les statistiques officielles, la facture alimentaire a atteint 7 milliards de dollars en 2007. Celle-ci pourrait atteindre 9 milliards de dollars en 2008, selon les experts qui prévoient une facture de 15 milliards de dollars à l'horizon 2015. D'aucuns sont unanimes à dire que l'on est loin de l'autosuffisance. C'est en tout cas l'avis du président du forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani, invité ce matin de la chaîne III de la radio nationale. Selon lui, l'autosuffisance «n'est pas un objectif qu'on pourrait atteindre à court terme et il est illusoire de croire que l'Algérie, dans les prochaines années, puisse se satisfaire elle-même». Selon lui, l'Algérie ne dispose toujours pas de surfaces arables. Les raisons, selon M. Hamiani, sont liées à plusieurs facteurs et singulièrement le phénomène de la désertification qui ne cesse de prendre du terrain aux dépens des terres agricoles. M. Hamiani estime qu'en vue de résorber cette problématique, sachant que les programmes initiés par les pouvoirs publics dont le Pndra ont montré leurs limites, le FCE compte entamer, à partir de demain, des rencontres avec ses partenaires afin de débattre des difficultés auxquelles sont confrontées les filières agroalimentaires (le lait, la viande, les céréales, la pomme de terre, etc.). L'objectif escompté est d'«améliorer les rendements». L'invité de la radio préconise entre autres solutions de sortie de crise, une implication plus importante de la part des pouvoirs publics, à travers notamment un double soutien législatif et financier, L'Etat devrait, selon lui, augmenter significativement son aide à l'exportation. Une option qui, si elle venait à elle adoptée, permettrait de donner un nouveau souffle à l'économie nationale, aujourd'hui exsangue. Réda Hamiani se félicite, en outre, que des entreprises économiques nationales aient enfin pris conscience de la nécessité «d'aller vers cette direction», en l'occurrence diversifier leurs champs d'intervention en ciblant plusieurs marchés (africains, européens, etc). M. Hamiani a noté avec satisfaction l'«accompagnement» de ces entreprises dont fait preuve l'Etat qui a initié une politique de mise à niveau à laquelle, du reste, la quasi-totalité des entreprises a adhéré. Tout en se réjouissant des incitations fiscales qu'a initiées l'Etat en vue de booster la production nationale, il déplore le fait qu'il n'y ait pas de «dispositif précis» en la matière. L'Algérie est donc «condamnée à améliorer le rendement de sa production agricole», estime l'invité de la radio.