Deux cent quatorze prisonniers, dont trois dirigeants du Groupe islamique des combattants libyens (GICL), ont été libérés à Tripoli. Voilà un moment que sont relâchés dans la nature des radicaux, mais pour cette foi-ci, la nouveauté est que l'annonce a été faite par le fils de Kadhafi, Seif al Islam. Ce qui confirme en quelque sorte la volonté de Kadhafi de transmettre le jour venu le bâton du pouvoir à son fils. Seif al Islam qui s'est mis en selle sur la scène internationale en étant l'envoyé spécial de son père dans des dossiers confidentiels ou sous les feux de l'actualité dans des affaires comme, par exemple, les dédommagements de victimes de crash d'avions organisés par les services de Tripoli, peaufine apparemment son image auprès des Libyens. Les libérations des radicaux interviennent dans le cadre d'un processus de réconciliation avec la mouvance islamiste. Pour le fils Kadhafi, ces libérations, ce sont l'aboutissement du programme de dialogue et de réconciliation entamé en 2007. Dans ce cadre, 700 islamistes ont déjà été libérés, et, a promis Seif al Islam, 232 devraient l'être prochainement. Le prétendant à la succession de son père assure que le processus continuera jusqu'à la libération des derniers prisonniers. Parmi les islamistes libérés cette semaine, 34 appartiennent au GICL, dont trois dirigeants : l'émir du groupe, son chef militaire et son idéologue. En 2007, le mouvement avait réaffirmé sa détermination à combattre le régime de Mouammar Kadhafi et annoncé son ralliement au réseau d'al-Qaïda, comme l'avait fait juste avant le GSPC algérien devenu al-Qaïda au Maghreb Islamique. Le groupe libyen était initialement dirigé par un des tous premiers lieutenants d'Oussama Ben Laden, tué en 2008 par un missile américain au Pakistan. Son objectif : renverser Mouammar Kadhafi et mettre en place un Etat islamique radical en Libye. Selon Seif al Islam, le GICL a rompu tout lien avec la nébuleuse islamiste, al-Qaïda et ses franchises régionales. Mais, selon l'analyse du politologue Hasni Abidi, directeur du Cermam, le Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, basé à Genève, ces libérations ont pour objet de satisfaire les islamistes qui ont abandonné la lutte armée contre le régime de Tripoli, répondre aux organisations de défense des droits de l'homme et servir les intérêts du dauphin désigné officieusement.