Portrait n Le plus ancien dirigeant arabe et africain, autoproclamé «roi des rois traditionnels d'Afrique», le Guide est au pouvoir depuis bientôt 42 ans. Né, selon sa propre légende, sous une tente bédouine dans le désert de Syrte en 1942, le colonel Kadhafi, fils de berger de la tribu des Gaddafa, reçoit une éducation religieuse rigoureuse avant de rentrer dans l'armée en 1965. Il a 27 ans quand il renverse le 1er septembre 1969, sans qu'une goutte de sang ne soit versée, le vieux roi Idriss. En 1977, il proclame la Jamahiriya, qu'il définit comme un «Etat des masses», qui gouvernent par le biais de comités populaires élus et s'attribue le seul titre de «Guide de la révolution». Son style de vie, ses tenues traditionnelles, sa façon fantasque d'exercer le pouvoir sur cet immense et riche pays pétrolier peu peuplé, apparaissent incongrus et imprévisibles. En saharienne kaki, en uniforme militaire chamarré d'or ou en gandoura, Kadhafi aime recevoir sous la tente, à Syrte ou dans la cour de la caserne Bab El-Azizia, au cœur de Tripoli. Personnage théâtral, il s'est singularisé par des actes et propos qui ont amusé le monde, distribuant les affronts à ses pairs arabes ou émettant des théories très personnelles sur l'Histoire et les hommes. Lors d'un sommet arabe en 1988, on l'a vu la seule main droite gantée de blanc. Il expliquait qu'il voulait ainsi éviter de serrer des «mains tachées de sang». Au sommet suivant, il se trouvait à côté de l'ex-roi saoudien Fahd. Fumant un gros cigare, il se tournait ostensiblement vers son voisin chaque fois qu'il exhalait la fumée. Dans les années 1990, Kadhafi se tourne vers le continent noir et ne cesse de plaider pour la création d'«Etats-Unis d'Afrique». Elu à la tête de l'Union africaine (UA) début 2009, il donne le ton de sa présidence en demandant à ses pairs de l'appeler désormais «Roi des rois traditionnels d'Afrique». En 2003, à la surprise du monde entier, il annonce le démantèlement de ses programmes secrets d'armement. Ensuite, il reconnaît la responsabilité de son pays dans les attentats contre un avion américain au-dessus de Lockerbie, en Ecosse (270 morts en 1988), un avion français au Niger (170 morts en 1989) et verse des indemnisations aux familles des victimes. L'ex-paria s'ouvre enfin à l'Occident. Kadhafi reçoit en Libye les dirigeants occidentaux, tandis qu'à l'étranger on lui déroule le tapis rouge. Fort de son pétrole, il réussit en 2008 à solder son passé avec l'Italie en obtenant des excuses et des dédommagements de Rome pour la période coloniale. Plus récemment, il fait plier la Suisse qui lui présente ses excuses, un an après que son fils Hannibal eut été arrêté à Genève pour des violences sur ses domestiques. Les assurances du Premier ministre Le Premier ministre libyen, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, a indiqué hier, dimanche, que la Libye était en «droit de prendre toutes les mesures» pour préserver l'unité du pays, lors d'une réunion avec les ambassadeurs des pays de l'Union européenne à Tripoli, selon l'agence Jana. «La Libye a le droit de prendre toutes les mesures pour préserver son unité, la stabilité de son peuple, pour assurer la protection de ses richesses et préserver ses relations avec les autres pays», a-t-il affirmé en substance. Il a expliqué aux ambassadeurs qu'il y avait «effectivement des plans bien précis, destructeurs et terroristes, qui visent à faire de la Libye une base pour le terrorisme», a rapporté Jana, dans l'un des premiers commentaires officiels au soulèvement qui a débuté, il y a près d'une semaine. Le Premier ministre a également indiqué, selon Jana, que la situation telle que rapportée par les «médias extérieurs» était «un amalgame, sans distinction entre les réalités et les mensonges».