Abandon n La plupart des 600 locaux à usage professionnel déjà réalisés, sur les 1 200 inscrits au profit des jeunes sans emploi, continuent d'être boudés par leurs bénéficiaires notamment pour des «défauts» importants dans la construction. Beaucoup d'entre eux considèrent en effet que la mise en œuvre du programme «100 locaux par commune» destiné à accueillir les activités de jeunes au chômage a été prise à la légère par un outil de construction «visiblement plus intéressé par la réalisation de projets plus juteux», comme le dénonce un jeune de Constantine, déçu par l'état de «délabrement» que présente déjà l'espace commercial «neuf» qu'on lui propose. Amers, ils affirment avoir constaté, dans ces locaux plusieurs défaillances techniques pouvant même mettre en péril la vie des occupants. Certains refusent catégoriquement de franchir le seuil de ces boutiques «à risque» et citent, à l'appui, «un rapport technique réalisé par un bureau d'études qualifié». Ce constat avait été approuvé par les responsables locaux qui ont promis, il y a plus d'une année, des corrections techniques. Celles-ci n'ont jamais été effectuées remettant à plus tard l'exploitation de ces locaux que d'aucuns jugent par ailleurs monotones à cause d'une certaine propension à l'uniformité. De plus, selon un procès-verbal de constat établi à la demande des bénéficiaires, les murs de nombreux locaux, notamment ceux des cités Daksi-Abdessalem, Boudraâ-Salah et Ciloc, présentent de graves malfaçons visibles à l'œil nu. Boudés par leurs attributaires, ces locaux présentaient des signes de dégradation très avancée dès leur attribution, selon les témoignages recueillis auprès de dizaines de jeunes promoteurs, qui gardent encore à l'esprit le «parcours du combattant» qu'ils ont dû accomplir pour décrocher le fameux «sésame» auprès de différents organismes de soutien à l'emploi. «J'ai comme l'impression que je vais avoir des démêlés avec la justice», anticipe carrément Youcef M., promoteur d'une petite entreprise de photographie d'art, qui dit avoir signé des engagements qu'il n'arrive pas à honorer à cause de multiples contraintes impossibles à surmonter. Ce jeune spécialiste photo qui n'a pas encore développé le moindre cliché, mais qui ne désespère pas d'une réhabilitation du local qu'il a difficilement obtenu à Boudraâ-Salah, reçoit déjà des mises en demeure de sa banque. Cameraman de formation, comme beaucoup d'autres jeunes bénéficiaires de locaux à usage professionnel, il estime avoir été «piégé» par l'octroi d'un bien qui n'a finalement servi à rien. Selon beaucoup de jeunes, ces locaux doivent donner lieu à un «profond lifting» pour pouvoir servir à quelque chose. C'est que cette mesure, salutaire en soi et venue faciliter l'accès à un local opérationnel, est devenue pour beaucoup une source de tracas qui n'a pas manqué de compliquer davantage la situation de jeunes déjà mis à rude épreuve par les difficultés liées à la gestion de toute entreprise.