Résumé de la 3e partie n Devant la laideur de Guinarou, Sébahi s'enfuit avec son cheval qui la mène dans le village où les femmes ne vont jamais... Le cheval parla encore : — «... de l'autre côté, sur mon épaule droite, arrache un second poil pour qu'il te serve de boubou. Elle obéit et s'enveloppa d'un ample boubou. — «... regarde sur mon cou, ajouta l'animal. Prends un autre poil et qu'il te serve de chéchia. Et Sébahi se coiffa d'une chéchia.» — «Bon, dit le petit cheval en la regardant, c'est bien. Maintenant tourne-toi vers le bout de ma queue, tire un crin et que cela te serve d'épée. Porte-la suspendue à ton cou.» Et la jeune fille fit ce que le cheval commandait. — «... prends ici au coin de ma paupière gauche, un cil, et fais-t'en une paire de babouches.» Quand tout ceci fut fait, la jeune fille avait pris l'apparence d'un homme. Elle s'approcha du village interdit, y pénétra, demanda à voir le chef en se présentant comme le roi d'un autre pays, venant faire une visite de voisinage. Le chef la reçut avec beaucoup de courtoisie. Mais une vieille sorcière, de celles qui prévoient et disent ce qui est bien, mauvais, mérité, ce qui n'est pas dû, soupçonna une fraude en voyant Sébahi et déclara : — «Je m'en vais faire l'épreuve des kolas.» Elle fendit en deux une kola blanche envoyée par le chef. — « ... lorsque je les aurai lancés, si les deux morceaux de noix retombent la face en l'air, c'est que le visiteur est un garçon. Si une seule des faces est tournée vers le sol, c'est que nous avons affaire à une femme.» L'épreuve devait avoir lieu devant le chef, mais il l'interdit au dernier moment et ses hommes l'approuvèrent. — «Non. Ce que vous soupçonnez est faux. Cette épreuve ne nous donnera pas la vérité. L'étranger est un garçon. Mais si vous voulez que nous nous en assurions demain à l'aube, tous les jeunes hommes du village partiront aux champs et en rapporteront vingt gourdes de vin de palme très fort et dix de vin de palme sucré.» Ils faisaient tous ces projets à l'insu de Sébahi qui était allée dormir dans une case. — «Lorsqu'on va lui présenter le vin, disaient-ils, si c'est une femme elle ne pourra pas boire le vin fort. Elle ne goûtera qu'au vin sucré. Elle révélera alors son sexe et nous la tuerons. Si au contraire, c'est un homme, il choisira le vin fort et nous le laisserons aller.» Ainsi parlaient le chef et ses hommes. Mais le cheval veillait. Resté à côté de la case, il avait tout entendu. (A suivre...)