La femme de Bouamrane n'est pas aussi intelligente que son mari, son fils et sa fille. Elle s'étonne toujours devant leurs propos et c'est seulement après leurs explications qu'elle reconnaît leur sagesse. Un jour, alors qu'il s'apprêtait à se rendre au souk. Elle lui dit : «Aujourd'hui ramène-nous la meilleure viande et la plus chère !» L'homme s'en va et revient avec de la langue de bœuf. «C'est ce que tu as trouvé de mieux ? dit la femme, irritée. — Oui», dit Bouamrane. Elle la prépare donc et la famille la mange. La semaine suivante, la femme, lui dit, ironique. «La semaine dernière, je t'ai demandé la meilleure viande et tu as rapporté une langue de bœuf, aujourd'hui, je te demande ce qu'il y a de moins cher, peut-être rapporteras-tu quelque chose de bon !» Mais Bouamrane, une fois encore, revient avec une langue de bœuf ! «Tu te moques de moi ! s'écrie sa femme, je te demande le meilleur morceau, tu ramènes une langue et je te demande le moins cher, tu rapportes toujours une langue ? Aurais-tu, toi le sage, perdu la raison. — Femme, dit bouamrane, sache que la langue est à la fois ce qu'il y a de meilleur et de pire : de meilleur quand elle parle avec douceur et dit la vérité, de pire quand elle ment ou dresse les gens les uns contre les autres.»