Résumé de la 20e partie n Au restaurant, Hardcastle dit à Colin être surpris de le voir encore à Crowdean... Il s'arrangeait pour toujours déjeuner dans un endroit différent. Nous pensons qu'il devait accrocher son pardessus près d'un autre identique, qui n'était pas toujours porté par le même homme. Sans que jamais ni l'homme ni Larkin ne s'adressent la parole, il y avait échange de pardessus. On aimerait en savoir plus long sur leur système. C'était magnifiquement orchestré, à la seconde près. Derrière tout ça, il y a un cerveau. — Ce qui explique pourquoi tu traînes encore près de la base navale de Portlebury ? — Oui, nous connaissons les deux extrémités de la filière : la Base et Londres. Nous savons où et quand Larkin recevait sa paye. Mais entre les deux, il y a un hiatus, une drôle de petite combine que nous cherchons à découvrir car c'est là que se trouve le cerveau moteur. A un point X, se tient le quartier général avec son planning remarquablae, qui brouille les pistes ; pas une fois, mais au moins sept ou huit. — Et pourquoi Larkin jouait-il à ce jeu ? interrogea Hardcastle curieux. Par idéologie ? Orgueil ? Ou par intérêt ? — Ce n'est pas un idéaliste, répondis-je. Il aime l'argent, voilà tout. — Et vous n'auriez pas pu le coincer là plus tôt ? Il le dépensait, cet argent, non ? Il ne le planquait pas ? — Oh ! non, il le faisait valser tant et plus. En fait, nous l'avions démasqué depuis longtemps, sans le faire savoir. Hardcastle acquiesça. — Je vois. Vous avez tapé dans le mille, et puis vous avez laissé courir un moment. Pas vrai ? — Plus ou moins, il avait déjà transmis des renseignements très importants ; nous lui avons permis d'en passer d'autres, apparemment intéressants. Dans mon service, le rôle d'idiot est payant de temps à autre : — Je ne crois pas que ce genre de travail me plairait. Colin, dit Hardcastle pensif. — Evidemment, ce n'est pas aussi passionnant que les gens l'imaginent, dis-je. C'est même généralement très monotone. Dick me considérait d'un air intrigué.. — Je m'expliquerais bien ta présence à Portlebury, mais pourquoi ici, à Crowdean qui est au moins à dix milles de là ? — Pour y trouver des croissants. — Des croissants ? — Oui. Ou bien des lunes : nouvelles lunes, lunes croissantes, lunes décroissantes, et ainsi de suite... J'ai commencé à chercher à Portlebury. Il y a là-bas le bistrot du Croissant de Lune ! C'était trop beau. J'y ai perdu pas mal de temps. Ensuite, il y avait La Lune et les Etoiles A la pleine Lune. Mais rien à faire. Laissant tomber les lunes, je me suis alors consacré aux croissants. Il y en avait plusieurs à Portlebury. Et le Croissant de Lansbury, celui d'Alridge, de Livermead, de Victoria... Devant l'ahurissement «croissant» de Dick, j'éclatai de rire. — Dick, ne fais pas cette tête. Je ne suis pas parti comme ça, le nez au vent. Et ouvrant ma serviette, j'en extirpai une feuille de papier à lettres d'hôtel à en-tête, que je lui tendis. Dessus, un dessin grossier. Hotel Barrington. Berners Street. London. w.2. (A suivre...)