Si certains récits font du père de Bent al-Khass un riche cultivateur, d'autres le montrent dans le dénuement. Un jour, des voyageurs de passage frappent à sa porte dans l'intention de lui demander l'hospitalité. Or, il n'y a rien à manger à la maison et, par honte, le pauvre homme se cache. Sa fille, s'étonnant de son comportement, lui dit : «Tu as toujours dit que la générosité est ce qu'il y a de plus élevé ! - Il n'est pas dans mes habitudes de refuser l'hospitalité à des étrangers de passage, lui répond-il tristement, mais je n'ai rien à offrir à ces gens !. Pas un seul grain d'orge ou de blé pour faire de la galette ou du couscous ! - Donne l'hospitalité à tes hôtes ! dit la jeune femme, je m'occupe du dîner !» Le père, qui connaît la sagesse et l'ingéniosité de sa fille, va donc recevoir ses hôtes. Peut-être que Bent al-Khass, se dit-il, va emprunter du grain aux voisins et préparer un dîner… Mais la jeune femme ne fait rien de cela : elle va dans l'enclos des chameaux et éventre les bâts rembourrés d'épis de blé, vestiges d'une période d'abondance. Elle les décortique, les passe à la meule, en tire une farine avec laquelle elle roule du couscous. Bientôt le plat est prêt et les hôtes peuvent manger à leur faim. Une fois les hôtes partis, la jeune femme dit à son père ce mot, devenu célèbre : al djûd mîn alwûdjûd : la générosité se fait avec ce que l'on trouve !