Action n La Fédération maghrébine des maladies respiratoires, qui tiendra son 14e congrès du 12 au 14 mars prochain à l'hôtel Hilton (Alger), compte lancer un plan d'action pour essayer de réduire l'ampleur du phénomène. Le professeur Salim Nafti, président de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie, a tiré hier la sonnette d'alarme sur le phénomène du tabagisme, qui ne cesse de prendre de l'ampleur en Algérie. «47% d'Algériens de plus de quinze ans fument, c'est-à-dire un sur deux de nos concitoyens», a-t-il indiqué lors de son intervention au forum d'El Moudjahid pour annoncer la tenue prochainement (12, 13 et 14 mars) du congrès de la Fédération maghrébine des maladies respiratoires à l'hôtel Hilton à Alger, et qui traitera, entre autres thèmes, de la lutte contre le tabagisme. Selon M. Nafti, le nombre de fumeurs a considérablement augmenté ces dernières années alors qu'il était, il y a vingt ans, de 20% en général et 13% côté femmes. Le professeur Nafti, qui est également chef du service respiratoire à l'hôpital Mustapha, a avancé des chiffres effrayants sur les différentes catégories de populations qui fument, notamment celles qui sont plus vulnérables en termes de maladies respiratoires et du cancer, particulièrement les enfants et les femmes. Pour ce qui concerne ces dernières, l'orateur parle de 9% de femmes qui fument. Et au lycée, les filles, fait remarquer l'intervenant, fument plus que les garçons. Cette estimation peut être plus importante, dit-il, si l'on prend en compte celles qui chiquent, c'est-à-dire celles qui consomment la «chama». «Le nombre n'a pas diminué, ni chez les femmes ni chez les hommes, car un bon nombre de fumeurs et de fumeuses se sont convertis dans la ‘'chama'', vu la cherté de la cigarette», a-t-il remarqué. Sur un autre chapitre, le président de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie s'est étalé sur les effets du tabagisme qui est à l'origine de pas moins de 25 maladies respiratoires, tels que la toux, l'asthme et les bronchites, ainsi que différents types de cancer. Le même intervenant a abordé les conséquences fâcheuses du tabagisme «passif» sur les non-fumeurs qui subissent ses effets — qui sont parfois pires que ceux qui touchent les fumeurs eux-mêmes — à travers ceux qui fument notamment dans les endroits clos, comme le transport collectif, les cafétérias et à l'intérieur des établissements publics. Un état de fait que n'a pas changé l'institution d'une loi en Algérie interdisant la cigarette dans les lieux publics. «30% des femmes dont les maris fument meurent du cancer des poumons et 25% d'enfants dont les parents fument souffrent de pathologies respiratoires.» Enfin, le Pr Nafti souhaite que les autorités mettent en place une véritable stratégie de lutte contre le tabagisme se basant sur la prévention afin de contrecarrer ce phénomène qui menace la santé des populations. Les élèves continuent de fumer ! Se référant aux résultats de l'enquête menée dans les établissements de l'Est d'Alger en 2006, le conférencier a rappelé que 3% des enfants du primaire fumaient quotidiennement 2 à 3 cigarettes par jour, le taux chez les élèves du moyen s'élevait à 12% et à 24% chez les élèves du secondaire qui fumaient quotidiennement jusqu'à 10 cigarettes par jour et parmi lesquels le nombre de filles était en constante augmentation. «Nous avons donné les résultats de cette enquête parce que nous constatons que les élèves continuent de fumer malgré l'arrêté interministériel entre le ministère de l'Education et celui de la Santé qui interdit le tabagisme en milieu scolaire», a-t-il déploré appelant les autorités concernées à prendre les mesures nécessaires pour l'appliquer car il semble, selon lui, sans effet sur le terrain.