Le puits n Les voyageurs ainsi que les caravanes, étaient toujours pressés de le rejoindre. C'était pour tous une halte et un moment de repos. Le Sahara, c'est connu, est le pays de la soif. Non pas qu'il n'y a pas d'eau, mais il faut parfois creuser profondément pour faire jaillir le précieux liquide. Celui-ci se cache également dans les anfractuosités des rochers sous forme de flaques qui peuvent être suffisamment importantes pour abreuver et les caravaniers et leurs bêtes, mais il faut les chercher, escalader les rochers, aller dans les montagnes qui se dressent au loin. Il n'y a pas que les réserves d'eau que l'on trouve dans les rochers, il y a aussi l'eau des oueds, invisible à la surface, sauf en période de pluies, mais qui coule sous le sol. Il suffit de repérer le lit d'un de ces oueds et de creuser pour parvenir au précieux liquide. A un mètre de la surface, on trouve suffisamment d'eau pour se désaltérer et faire des réserves. Et quand on est nombreux et qu'on peut creuser à 7 ou 8 mètres de profondeur, c'est un véritable puits que l'on découvre dans le désert. L'un de ces puits, appelé al-Omayr, était célèbre autrefois. Les voyageurs ainsi que les caravanes, étaient toujours pressés de le rejoindre. C'était pour tous une halte et un moment de repos. Surtout, qu'autrefois, la plupart des puits étaient ensablés. Il est vrai que l'eau ne manque pas dans cette région. Durant les fortes chaleurs, les bergers n'ayant pas assez de forces pour creuser des puits se rendent, avec leurs troupeaux jusqu'à Bir al-Omayr. Dès qu'ils l'aperçoivent, ils se mettent à crier : «Le puits, le puits !» Les hommes et les bêtes retrouvent alors leurs forces. On prend les outres en peau de chèvre et on les jette dans le puits. On les retire aussitôt remplies d'une eau limpide et fraîche, même au plus fort des chaleurs. Hommes et bêtes s'en donnent alors à cœur joie ; Et ce puits merveilleux ne tarit jamais ! Un tel puits, dans un désert aussi aride et désolé, tient presque du miracle. Et ceux qui croient aux miracles vont créer la légende… Un jour, le bruit court que l'eau du puits redonne force et jeunesse. On a vu des vieillards épuisés et à l'article de la mort, reprendre vie. — Regardez cheikh Untel : on croyait qu'il allait rendre l'âme, au cours du voyage : mais voilà qu'il boit de l'eau de Bir al-Omayr et il reprend vie ! — Il a réellement repris vie ! — Il court comme un jeune homme de vingt ans ! Bientôt, des malades accourent à Bir al-Omayr, dans l'espoir de guérir. L'histoire ne dit pas si l'eau est réellement miraculeuse et s'il s'agit d'une source de jouvence, redonnant santé et jeunesse : mais sa célébrité est désormais acquise et elle se renforce au cours des années… Une autre réputation attribue à la source le pouvoir de rendre fécondes les femmes stériles… C'est alors que les commerçants se mettent de la partie. Une eau aussi miraculeuse ne peut qu'être recherchée. On se met alors à en prélever de grandes quantités qu'on vend dans toutes les villes du Sud. Comme c'est une eau limpide et d'un goût exquis, les gens l'achètent, à n'importe quel prix. (A suivre...)