Victimes n Trois manifestants ont été tués lors de l'assaut lancé par les forces anti-émeutes à Manama, juste après la proclamation de l'état d'urgence par les autorités. Les forces bahreïnies ont violemment délogé, ce mercredi matin, les manifestants qui campaient depuis près d'un mois sur la place pour réclamer des réformes. Khalil Marzouk, député du puissant mouvement chiite, al-Wefaq, a, en outre, accusé les forces de sécurité de «bloquer les accès à plusieurs hôpitaux» et d'encercler certains établissements, dont al-Salmaniya, le principal hôpital de Manama. Selon un autre député du mouvement, Ali al-Aswad, les forces de sécurité se sont dans le même temps déployées dans les villages chiites entourant Manama, où des heurts les y opposaient aux manifestants. Le député n'était pas en mesure d'indiquer si ces affrontements avaient fait des victimes, les lignes téléphoniques étant coupées selon lui. L'assaut est intervenu après la proclamation de l'état d'urgence par le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, fort de l'appui des monarchies voisines du Golfe, qui ont envoyé des forces pour l'aider à contenir la contestation populaire. Des centaines de policiers de la force anti-émeute, arrivés à bord de tanks, de véhicules de transport de troupes et de bus, ont pris le contrôle de la place La Perle, après avoir lancé des dizaines de grenades lacrymogènes sur les manifestants. Les policiers ont également tiré au fusil de chasse sur les protestataires. «La situation est catastrophique. Les forces ont tiré à balles réelles», a ajouté Khalil Marzouk. Alors que des hélicoptères tournoyaient, la police anti-émeute a pris position sur la place, déchirant les tentes qui restaient, tandis que les manifestants fuyaient par les rues latérales. Plusieurs tentes ont pris feu alors qu'une épaisse fumée s'élevait au-dessus du secteur. Les protestataires occupaient cette place depuis le 19 février pour exiger des réformes politiques, voire, pour certains, le départ de la dynastie sunnite gouvernant ce pays dont la population autochtone est en majorité chiite. Les dignitaires chiites bahreïnis avaient appelé dans la nuit la communauté internationale et le monde musulman à intervenir pour éviter un «massacre». Des centaines de contestataires avaient passé la nuit sur la place sous des tentes dans une atmosphère tendue, assombrie par la mort hier, mardi, d'un manifestant lors d'affrontements avec les forces de sécurité dans des villages chiites au sud de Manama, qui leur faisait craindre un assaut imminent. Plus de 200 personnes avaient également été blessées par balles, selon une source médicale locale, et 200 autres hospitalisées après avoir inhalé des gaz lacrymogènes. Après avoir pris le contrôle de la place La Perle, les forces de sécurité ont commencé à prendre position dans le district financier de Manama et à rouvrir les issues bloquées par les manifestants, selon des témoins. Les autorités bahreïnies ont également annoncé la fermeture de la Bourse, des écoles et des universités. Le roi avait chargé le commandant des forces armées de rétablir l'ordre en faisant appel à l'armée, aux forces de police, aux unités de la Garde nationale et à «toute autre force, si cela s'avérait nécessaire», a-t-il indiqué.