Regard n La musique maghrébine, dont celle issue de l'émigration algérienne, prend depuis quelques années une place de plus en plus importante, se fondant systématiquement dans le tissu socioculturel français. Samia Chala est une réalisatrice algérienne vivant en France. Sa spécialité est le documentaire. Egalement assistante de production, journaliste enquêtrice sur de nombreuses productions documentaires, elle a à son actif plusieurs réalisations. Toutes sont focalisées sur l'Algérie (les femmes, l'exil et plus généralement des phénomènes de migration du Sud vers le Nord, la mémoire…). On peut citer : Lamine la fuite, Temps des femmes dans la ville ou encore Kabylie, au cœur de la révolte. Sa filmographie comprend aussi des courts-métrages, à savoir Salon de coiffure, Parole de femmes d'Algérie, Les oiseaux chantent encore à la Casbah. Samia Chala a un projet de film. Elle prépare actuellement un film documentaire de 52 minutes sur les chanteurs Mouss et Hakim du groupe Zebda. Le but à travers cette réalisation est de «raconter la transmission de notre patrimoine», dira-t-elle, et de préciser : «Il sera produit par France O et paraîtra au mois de mai.» Samia Chala s'est intéressée auparavant à la musique algérienne et ce, à travers un autre documentaire Bled-musique à l'Usine qui a été projeté dernièrement au CCF d'Alger. «Je m'emploie dans ce documentaire, explique-t-elle, à retracer les retrouvailles des artistes algériens qui se sont installés en France. Ces artistes, tels Hocine Boukella (Cheikh Sidi Bémol) ou Youcef de l'ONB, se retrouvent régulièrement dans un lieu communément appelé ‘'Louzine''. Ce dernier est un haut lieu de tolérance sonore. ‘'Louzine'' est avant tout un espace unique de création et de liberté.» A travers ses réalisations et, plus particulièrement, ce documentaire, Samia Chala cherche à démontrer que l'apport de l'émigration magrébine a permis, dans sa diversité, l'enrichissement du paysage social – et même culturel – français. L'on assiste aujourd'hui à une interconnexion des deux réalités et, dans certains cas, à un métissage de genre et de style. «Cet apport restera toujours un point positif pour la société française bien qu'il y ait des divergences dans la manière d'accepter la fixation de cette communauté magrébine dans l'Hexagone», dit-elle, et d'expliquer : «Le monde de la chanson est très précurseur de ce que la société va vivre. Maintenant, les gens écoutent la musique arabe et dansent même sur ses rythmes. Finalement, la création a donné naissance à un mélange formidable.» Ainsi, la musique maghrébine (et notamment algérienne) dont celle issue de l'émigration prend, depuis quelques années, une place de plus en plus importante, se fondant systématiquement dans le tissu socioculturel français. «Louzine» est un lieu de rencontre d'artistes maghrébins. Il s'agit d'une ancienne usine située à Arcueil. Ces artistes – maghrébins et français – s'y réunissent pour des rencontres de partage, de travail, de réflexion et de création artistique. L'association regroupe aujourd'hui plus de 100 artistes de tous horizons, musiciens pour la plupart, mais aussi dessinateurs, peintres et photographes, qui exercent leur profession dans trois studios de répétition et d'enregistrement, un atelier de peinture et dessin, un atelier de photo, et un atelier de musique.Plusieurs soirées intitulées «Opération Louzine» sont organisées chaque année en coproduction avec des salles parisiennes. Ces manifestations permettent de présenter au public le travail des artistes de l'association. Des diwans, soirées où des musiciens de tous horizons viennent «taper le bœuf», étaient régulièrement organisés au sein de l'association. Notons que ces rencontres ont abouti à la création de différents groupes, dont l'Orchestre National de Barbès, Gaâda Diwane de Béchar et Cheikh Sidi Bemol.