Ce n'est pas une surprise, le film a suscité des vives réactions, démontrant clairement que le sujet sur les droits de la femme n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre! Chahinez: Quels droits pour les femmes? est le nouveau documentaire de Samia Chala, produit par Patrice Barrat pour France 5. Cependant, soucieuse de l'avis des siens, la réalisatrice a tenu à le présenter, en avant-première, à Alger, en l'occurrence, jeudi dernier, à la filmothèque Mohamed-Zinet (Oref), devant un public nombreux et en présence de Geneviève Boyer (Unité documentaires France5). Après son dernier produit (Lamine la fuite) Samia Chala, qui nous a habitués au franc-parler presque candide de ses témoins qu'on voit dans ses films, ne s'est pas départie, encore une fois, de ce style de narration, qui consiste à suivre le protagoniste dans la quête de soi, partant d'un individu ainsi, pour comprendre qui nous sommes...Dans Chahinez: Quels droits pour les femmes?, la réalisatrice a suivi cette jeune fille de 20 ans, en 4e année d'architecture et habitant à Constantine, évoluant dans une famille vraisemblablement «ouverte», pour connaître la situation de la femme, ailleurs qu'en Algérie, partant du constat que la religion seule ne peut constituer un frein à l'épanouissement et au développement intellectuel des femmes, dans n'importe quel pays du monde. Comment faire bouger la société dans un pays où la loi consacre, officiellement, l'inégalité entre les hommes et les femmes? Comment faire avancer le droit des femmes à l'échelle du monde? Que peut faire l'ONU? C'est pour tenter de répondre à ces interrogations que la réalisatrice a suivi la jeune et pétillante jeune fille dans son parcours à travers plusieurs continents et comparé sa situation avec celle d'autres femmes. Chahinez entre en contact, via Internet, avec une jeune Américaine croyante, une journaliste cinéaste indienne qui l'informe qu'en Inde, une femme qui n'a pas de garçon ne va pas au paradis...Elle visite avec une députée, l'APN et parle de conditions de la femme, évoque l'histoire du code de la famille en Algérie, et ses injustices...Chahinez établit aussi des échanges avec Mary Robinson, ancienne présidente irlandaise et Haut commissaire pour les droits de l'homme. Mais aussi avec l'actuelle présidente de l'Assemblée générale des Nations unies, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, originaire de Bahrein. Elle rencontre des jeunes filles d'une banlieue parisienne qui lui expliquent leur mode de vie, là-bas...Résultat qui la mène à se confronter à plusieurs destins féminins. Aussi, les lois existent partout et évoluent selon des degrés. Leurs pratiques sont tout aussi aléatoires car liées à l'évolution des sociétés, ce que Chahinez nomme par, respect, la loi universelle, finalement, qui doit gérer les rapports humains. Sans une analyse critique approfondie, ce documentaire ne parvient pas à donner des réponses, ou du moins à expliquer le malaise et les raisons du regain de violence vis-à-vis des femmes. Aujourd'hui, il brosse juste un tableau qu'on connaît déjà. La seule force du documentaire réside dans les interrogations pertinentes de Chahinez dont le souci sincère est d'interpeller ceux et celles qui ont le pouvoir de changer, ce qu'elle n'accepte pas pour, du coup, s'annuler au profit de cette forme d' autosuffisance, partant du constat qu'ailleurs, c'est pareil ou tout aussi pire, finalement. Ce choix biaisé de la réalisatrice reste, néanmoins, original et le débat sur les droits de la femme est un sujet toujours d'actualité, hélas, car utile. Après des études d'ingéniorat à l'Ecole polytechnique d'Alger, Samia Chala réalise de nombreux reportages sur l'Algérie pour diverses chaînes des télévisions française et européenne. On citera: Kabylie au coeur de la révolte,(2001), Bled-musique à l'Usine (2005), Paroles de Femmes d'Algérie (2005), La Vie quotidienne à la Casbah d'Alger et Lamine la fuite (2006).