Le Centre culturel français d'Alger (CCF), a abrité dans ses espaces la projection du film documentaire «Bled in Music Factory», en présence de la réalisatrice Samia Chala. Assistante de production, journaliste enquêtrice sur de nombreuses productions documentaires, Samia Chala réalise ses propres films. Ses documentaires sont axés sur l'Algérie, les femmes, l'exil. Samia Chala a accepté de se livrer un peu, à travers nos questions. La chanson maghrébine est fabuleusement esquissée dans votre documentaire. Est-ce un besoin identitaire ? Dans ce documentaire, je retrace et je narre les retrouvailles des artistes algériens qui se sont installés en France. Ces artistes tels Hocine Boukella (Cheikh Sidi Bémol), Youcef de l'ONB, se retrouvent régulièrement dans un lieu communément appelé «Louzine». Ce dernier est un haut lieu de tolérance sonore. «Louzine» est avant tout un espace unique de création et de liberté. Pensez-vous que la musique contribue à changer certaines réalités en France ? Le monde de la chanson est très précurseur de ce que la société va vivre. En France, il y a certaines parties résistantes concernant, par exemple la diffusion où encore la promotion du produit arabe. Toutefois, les choses ont bel et bien changé aujourd'hui. Maintenant, les gens écoutent la musique arabe et dansent même sur ses rythmes. Finalement, la création a donné naissance à un mélange formidable. Partagez-vous l'avis de ceux qui disent que l'émigration maghrébine a enrichi la France de sa culture et non pas rien que de la force de ses bras ? Effectivement, l'apport maghrébin par l'émigration a été d'un grand profit pour l'économie française. Cet apport restera toujours un point positif pour la société française bien qu'il y ait des divergences dans la manière d'accepter la fixation de cette communauté magrébine dans l'Hexagone. Mais n'est-ce pas le propre d'une culture de se mélanger pour avancer ? Une culture qui veut avancer doit forcément s'ouvrir au monde et à d'autres richesses culturelles. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Maghrébins qui voudraient émigrer ? Je ne peux pas me situer sur cette question. Je n'ai aucune légitimité pour donner des conseils à autrui. Chacun se comporte selon sa volonté, ses désirs et ses ambitions. Quel a été la touche artistique de Sid Ahmed Semiane dans la réalisation de cette production ? Sid Ahmed Semiane a été mon co-auteur et co-réalisateur. Il convient de dire qu'il a eu l'idée d'en faire un film. C'était en 2005. Il était de passage à Paris. Il m'avait proposé son idée. Nous avons longuement discuté, puis, nous avons entamé le tournage de ce film. Quels sont vos projets et quelles sont vos ambitions futures pour les années à venir ? Je prépare actuellement un film documentaire de 52 minutes sur les chanteurs Mouss et Hakim du groupe Zebda. Je raconte la transmission de notre patrimoine. Ce sera produit par France O, et paraîtra au mois de mai. Je souhaite que l'avant-première de ce film se fasse à Alger. A ce propos, Mouss et Hakim m'ont fait savoir qu'ils rêvent de venir à Alger.