InfoSoir : Quelle est la situation actuelle dans votre service ? Le Pr El-Houari : Au Centre anticancer de Blida, 1 à 2 chirurgies du cancer du rectum sont programmées chaque semaine. Le nombre de malades est en augmentation constante, avec une majorité des sujets adultes, aux abords de la cinquantaine. Alors que dans les pays occidentaux, la moyenne est de 70 ans. Mon travail personnel de recherche m'a permis de recenser plus de 80 malades durant 5 ans. Globalement, plus de 150 malades atteints du cancer du rectum sont passés dans ce service ces 5 dernières années et en 10 ans, plus de 250 malades. Des médecins ont déclaré que le toucher rectal, un examen complémentaire important dans pareille pathologie, n'est pas fait systématiquement par certains de leurs confrères. Un simple généraliste peut procéder à cet examen si son patient se plaint d'émissions sanglantes de l'anus. Le malade doit être cependant informé sur l'importance de ce geste pour le diagnostic de sa maladie. Et là on est sûr qu'il ne refusera pas. Dans les cas les plus extrêmes avec des personnes réfractaires, le médecin doit les adresser illico presto au médecin spécialiste pour une rectoscopie qui permettra d'explorer et le rectum et la partie basse du côlon. Dans ce cas, on élimine déjà 60% des tumeurs colorectales. En cas de pathologie colorectale, que doit faire le malade ? Tout patient doit s'inquiéter devant toute douleur ou trouble du transit, surtout lors de la présence de sang dans les selles. Même s'il s'agit de petites quantités de sang, elles ne sont pas à négliger, à prendre à la légère ou encore à confondre avec les hémorroïdes, une maladie bénigne, sachant toutefois que les hémorroïdes peuvent représenter un symptôme de la maladie cancéreuse. Le concerné doit donc s'inquiéter et consulter un généraliste qui l'orientera vers un spécialiste pour faire une rectoscopie. C'est un examen très simple, le seul qui permette d'éliminer la suspicion de ce type de cancer. Comment concevez-vous la prévention du cancer colorectal ? Sur le plan préventif secondaire, le diagnostic précoce doit interpeller les médecins généralistes en 1er lieu ainsi que le patient lui-même. Le médecin ne doit pas le berner par de faux espoirs et de fausses assurances. Il doit bien l'examiner sans omettre de faire un toucher rectal et le diriger vers un gastro-entérologue. Que conseillerez-vous ? Il faut d'abord surmonter la pudeur et la gêne. Ensuite, avoir une alimentation saine, en prévention primaire. La population saine doit prendre conscience de ce qu'elle doit manger. Il faut consommer plus de crudités, de fruits, moins de graisses et de viande rouge, en alternant entre la viande rouge et la blanche. *Professeur agrégé en chirurgie oncologique au Centre anti-cancer (CAC) de Blida