A l'occasion de la tenue d'un colloque sur le cancer du côlon et du rectum, organisé à Alger par la Ligue des médecins arabes de lutte contre le cancer et l'Association algérienne d'oncologie, le Pr Sami Khatib, oncologue jordanien, a déploré le fait que les malades commencent le traitement à des stades très avancés (troisième et quatrième phases), ce qui donne des résultats thérapeutiques en deçà de 40%. Le cancer du côlon et du rectum est curable et peut être pris en charge à 95%. Le malade peut guérir si la maladie est dépistée à temps. Selon les statistiques sur le taux de prévalence du cancer dans les pays arabes, le cancer du côlon et du rectum vient en première ou deuxième position chez les hommes, et en deuxième ou troisième position chez les femmes, a indiqué le Pr Khaled Salim. Le taux de personnes atteintes dans le monde arabe, chez les deux sexes, est de 25% chez les moins de 40 ans. Le changement de régime alimentaire des pays arabes, durant ces dernières années, a grandement contribué à l'augmentation du nombre de cas atteints du cancer du côlon et du rectum. A cette occasion, il a appelé les institutions officielles, les gouvernements arabes ainsi que les associations activant dans le domaine, à multiplier les efforts pour le dépistage précoce du cancer du côlon et du rectum, soulignant que le coût des soins pour la prise en charge de la maladie est plus élevé que les examens médicaux de dépistage précoce de la maladie. Le Pr Sami Khatib a estimé nécessaire l'élaboration de programmes et études communs entre pays arabes en vue de distinguer entre la composition génétique de l'individu arabe et celle de l'individu occidental. Selon le spécialiste, les pays arabes n'ont pu aboutir à des résultats thérapeutiques à l'instar des pays occidentaux en raison de la composition génétique des individus arabes qui diffère de celle des individus occidentaux, soulignant que les soins prodigués actuellement au malade arabe se font sur la base de protocoles occidentaux. Pour sa part, le Pr Kamel Hamed Mohamed, oncologue soudanais à la faculté de médecine de Khartoum, a estimé que les facteurs génétiques peuvent contribuer à l'apparition du cancer des intestins dans le monde arabe. Il a souligné, dans ce contexte, que le cancer des intestins notamment le cancer du côlon et du rectum sont peu répandus au Soudan et ne représentent que 4% des autres types de cancers. Le spécialiste a appelé à prendre en charge les premiers symptômes de la maladie, car non douloureux à leurs débuts, soulignant l'importance de la sensibilisation et le rôle des médias en la matière. Il a ajouté à ce propos que 30% des types de cancers sont curables et 30% peuvent être évités, notamment les cancers liés au tabagisme. En deuxième positionsur la liste des cancers les plus répandus en Algérie Le cancer du côlon et du rectum est passé de la troisième à la deuxième position sur la liste des cancers les plus répandus en Algérie, ont souligné les oncologues MM. Kamel Bouzid et Larbi Abid. Le président de l'Association algérienne d'oncologie, M. Bouzid, a indiqué qu'entre 3000 et 4000 nouveaux cas d'atteinte de cancer du côlon sont enregistrés chaque année en Algérie. Le changement de régime alimentaire des familles algériennes et la consommation des viandes rouges au niveau des grandes villes a largement contribué à l'augmentation du nombre de personnes atteintes du cancer du côlon et du rectum en Algérie, a précisé M. Bouzid, chef de service au centre Pierre et Marie Curie. L'Algérie, aux côtés du Qatar et des Emirats arabes unis, enregistre une augmentation du nombre de cas d'atteinte du cancer du côlon et du rectum comparés aux autres pays arabes qui ont préservé leur régime alimentaire «classique». Parmi les autres facteurs d'atteinte du cancer du côlon et du rectum, il a cité la consommation de repas gras et le surpoids. De son côté, M. Abid, chirurgien à l'hôpital de Bologhine, a rappelé les symptômes du cancer du côlon et du rectum caractérisés par l'apparition de taches de sang rouges ou noirs dans les excréments appelant les personnes ayant constaté ces symptômes à consulter immédiatement un médecin avant qu'il ne soit trop tard. Le spécialiste préconise un retour aux régimes alimentaires classiques et au respect des recommandations de l'OMS qui appelle à une plus large consommation des légumes et fibres alimentaires pour lutter contre le cancer du côlon, un des types de cancer les «plus dangereux». MM. Bouzid et Abid ont déploré les atteintes de cancer chez les sujets de moins de 40 ans soulignant que cette pathologie n'apparaît dans les pays occidentaux que chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Le colloque arabe sur le cancer du côlon et du rectum a vu la participation de la Tunisie, du Soudan, de la Jordanie, du Liban et du Maroc.