Plaie n Même si La Casbah fait partie du patrimoine mondial, cela ne lui profite guère. Les touristes ne la visitent pas en raison de l'insécurité qui règne dans certains quartiers. Noyau originel de la capitale, résumant l'histoire de toute l'Algérie, la Casbah est classée patrimoine national et universel depuis 1992. Une distinction due non seulement à sa richesse historique mais aussi à son prestigieux contenu urbain, son héritage architectural et son art de vivre particulier. Un vrai «label» qui devait faire de cette cité mauresque un joyau du tourisme - sous toutes ses formes - dans notre pays et donner une joie de vivre à ceux qui l'occupent. Mais, hélas, aujourd'hui ce présumé joyau est devenu le «bastion» des voyous qui imposent leur diktat dans la plus grande partie de son territoire. Ils ont une totale liberté d'action depuis le début des années 1990, période de tragédie nationale. A cette époque-là, la Casbah était sous l'emprise des islamistes. Et si depuis, les forces de sécurité ont réussi à en déloger les terroristes, ils ne sont toutefois pas arrivés à y instaurer la sécurité. En effet, au moment où la menace terroriste s'est réduite, une autre forme de violence a gagné le terrain, et ce, parfois sous les yeux des éléments de l'ordre. C'est le banditisme qui n'entre pas dans le cadre de leur mission. Des témoins avouent qu'en certains endroits de la Casbah, notamment la Haute Casbah, les forces de sécurité n'osent plus mettre le pied, et ce, depuis le début du terrorisme. «Les forces de l'ordre se sont retirées de ces lieux depuis que les hordes terroristes ont commencé à frapper. Les conséquences : nous vivons sous l'autorité des bandits», déclare un homme d'un âge certain, rencontré à hauteur de la rue de La Lyre. Une situation qui n'arrange pas les affaires des commerçants, nostalgiques de cette époque lointaine où leur cité recevait des touristes. «Avant, les rues de la Casbah grouillaient de touristes armés de leurs appareils photo. Ils adoraient acheter des objets artisanaux. Certains passaient la nuit chez nous. Aujourd'hui, plus rien de tout cela ! Même le terrorisme éradiqué, ils ne reviennent pas», déplore âmmi Saïd, un artisan qui déclare avoir fermé sa boutique depuis le début de 1990. Celui-ci nous apprend qu'aujourd'hui le peu de touristes qui se rendent à la Casbah, préfèrent visiter la Basse Casbah, notamment le Bastion 23, la Grande Mosquée, la Mosquée Ketchaoua et d'autres sites où la sécurité est plus ou moins assurée et la vue nettement moins désagréable. Là, l'on peut imaginer l'impact de l'insécurité et de l'insalubrité sur le développement touristique et économique de la cité antique, autrefois la mecque des touristes.