Résumé de la 21e partie n En juin 1815, Duroy de Chaumarays s'apprête à conduire le nouveau gouverneur du Sénégal en Afrique. C'est un piètre marin mais qui a les faveurs du roi. «La Méduse» est un beau voilier, de construction relativement récente. En tout, c'est le meilleur bâtiment qui reste de la flotte française, depuis le désastre de Trafalgar. Le navire est suivi par trois autres bateaux, portant les troupes : une corvette, «L'Echo», un brick, «L'Argus» et une gabare, «La Loire». Elle va naviguer de conserve avec eux, mais une fois au large des côtes de l'Afrique, le capitaine va donner la consigne : «Plus question de les suivre !» Il veut démontrer qu'il est le plus rapide – «La Méduse», en effet, l'est – et surtout il veut démarquer le premier ! Il exulte : quelle joie de sentir frémir sous ses pieds la frégate, d'entendre la voile claquer, battue par un vent favorable. Mais quelle joie surtout d'avoir sous ses ordres des dizaines d'hommes, de commander ; comme il veut, ce bateau, le plus beau et le plus léger de la flotte française d'alors. Duroy de Chaumarays a une revanche à prendre : il y a vingt ans, il a été écarté de la marine pour incompétence, mais il sait, lui, qu'il n'est pas incompétent et que malgré toutes ces années, il peut encore conduire un navire à bon port. Et surtout, battre à la course les navires qui font voile avec lui ! Or, pour faire vite, pour arriver le premier au Sénégal, il doit naviguer tout près de la terre, ce qui l'expose à de grands dangers. D'ailleurs, avant que «La Méduse» s'éloigne des autres bâtiments, ceux-ci lui lancent des signes. «Que veulent-ils ? demande Duroy à ses officiers. — ils nous avertissent qu'il ne faut pas trop s'approcher des côtes ! — Pour rester dans leur sillage ? demande ironiquement le commandant. — Oui, monsieur, et nous pensons qu'ils ont raison… — et pourquoi donc ? — Nous sommes en train de faire fausse route ! Il a un geste de mépris. — Allons, vous n'avez pas compris que c'est une feinte ? Les messieurs de ces navires veulent arriver avant nous ! — commandant, si nous suivons la route que vous voulez prendre, nous foncerons directement sur le cap Blanc et ses bancs de sable ! — Fadaises ! Au contraire, nous gagnerons un temps précieux !» Les officiers essayent de le convaincre, en lui mettant sous le nez, des cartes, en faisant des calculs, mais il ne veut rien entendre : «la Méduse» prendra le cap qu'il a choisi parce que c'est le plus court ! Quelques officiers tentent encore, au nom de la raison, de lui faire changer d'avis mais il refuse. Et il coupe court à toute polémique en déclarant solennellement que, sur «son bateau», il est le seul maître à bord, après Dieu. Toute opposition à sa volonté sera considérée comme de la mutinerie, un délit, puni à l'époque, par la peine de mort ! (A suivre...)