Résumé de la 5e partie Cent cinquante-deux hommes ont pris place sur un radeau, traîné par des canots de sauvetage également chargés de naufragés. En montant sur le radeau, les passagers ont été pris d?une appréhension, mais le commandant et les officiers qui ont pris place dans les canots de sauvetage leur ont juré de ne pas les abandonner. «Nous vous remorquerons tout le temps qu?il faudra !», ont-ils dit. On a décidé, au départ, de rejoindre la côte et de traverser le désert jusqu?à Saint Louis : c?était un projet tout à fait raisonnable mais, pour on ne sait quelle raison, il n?a pas été retenu. En tout cas, au bout de plusieurs heures de navigation, la côte africaine n?était toujours pas en vue, alors qu?au moment de quitter la frégate, elle n?en était pas loin. Les canots, qui remorquent le radeau, ont tous fini, au grand désespoir des naufragés, par abandonner le radeau, à l?exception du plus grand, qui continue à le tirer. Puis brusquement, les cordes du canot se rompent. Le canot s?éloigne du radeau. ? Ils nous abandonnent ! hurle un naufragé. ? Par pitié, ne nous laissez pas ! crie un autre. Et ce ne sont plus que cris, supplications, pleurs. Mais le canot s?éloigne inéluctablement. Ses passagers, comme honteux de leur comportement, ne se retournent même pas. Voilà donc cent cinquante-deux hommes, livrés à leur sort, en pleine mer, sur un radeau mal fait, sans mât ni voilure, voguant au gré des vagues. Sur les cent cinquante-deux hommes, il n?y a qu?une dizaine de marins. L?enseigne de première classe Coudin prend le commandement du radeau et, aidé par les militaires qui se trouvent à bord, parvient à rétablir l?ordre. «Inutile de crier, dit-il à ses compagnons d?infortune, ces messieurs nous ont abandonnés à notre sort. Il faut donc nous organiser pour tenir jusqu?à ce que les secours arrivent !» Il faut commencer par inventorier le matériel et les vivres qui se trouvent sur le radeau. On commence par chercher les cartes et les instruments de navigation, mais on n?en trouve pas. On a dû, pour alléger l?embarcation, les jeter à la mer. En revanche, on découvre le cacatois de «La Méduse» et celui de «La Perruche», que quelqu?un a eu l?idée, au moment d?embarquer, de jeter sur le radeau. Qu?à cela ne tienne, on va les utiliser pour dresser un mât de fortune et improviser une voilure. On passe en revue les vivres. Il n? y a qu?un sac de vingt-huit livres de biscuits, imbibés d?eau de mer, six barils de vin et deux d?eau. De quoi tenir à peine quelques heures ! D?ailleurs, le jour même, on mange les biscuits, transformés en pâte, et on prend une partie de la boisson. On scrute l?horizon, dans l?espoir d?apercevoir quelque navire de passage, mais il n?y a rien. C?est alors que les malheureux naufragés s?aperçoivent qu?ils sont seuls au monde, abandonnés des hommes et de Dieu. Et quand la nuit commence à tomber l?effroi s?empare d?eux. (à suivre...)