Réaction n Le principal candidat de l'opposition à la présidentielle, Muhammadu Buhari, a appelé au calme en condamnant ce mardi, les émeutes meurtrières dans la moitié nord du pays à majorité musulmane. Musulman, originaire du Nord, M. Buhari, qui dirigea la junte militaire en 1984-85, a obtenu quelque 12 millions de voix (31%) contre 22 millions (57%) au Président sortant. «J'apprends avec peine l'éruption de la violence dans quelques parties du Nord à la suite de l'annonce des résultats de l'élection et les attaques contre des églises et des chrétiens», a déclaré Muhammadu Buhari à la BBC en langue haoussa. «Mon parti et moi, nous nous dissocions de ces événements. J'ai contesté les élections en 2003 et en 2007 mais je n'ai jamais eu recours à la violence. Je n'ai pas de raison de le faire cette fois-ci. J'appelle le peuple à rester calme et à respecter la loi», a-t-il déclaré. Ces violences au cours desquelles des manifestants ont brûlé des commerces et des maisons, ont affecté 14 Etats. Elles ont fait plusieurs morts, avait dit, hier, un responsable nigérian de la sécurité sans donner de chiffre. «La situation s'est relativement calmée à présent mais des manifestations violentes ont eu lieu pendant la nuit, tout spécialement dans les Etats de Kaduna, Katsina et Zamfara», a déclaré ce mardi matin Umar Abdul Mairiga, coordinateur de la Croix-Rouge nigériane. «Ce qui va en sortir est inacceptable car de nombreuses personnes ont été tuées, spécialement dans le sud de l'Etat de Kaduna», a-t-il ajouté. Ces violences qui ont éclaté, dimanche soir, dans le Nord alors que se profilait la victoire de Goodluck Jonathan, finalement annoncée hier soir, ont déplacé plus de 15 000 personnes, selon la Croix-Rouge. «La colère monte chez ces déplacés car aucun secours ne leur parvient», a ajouté M. Mairiga. Selon des habitants de Kano, la principale ville du Nord, de jeunes chrétiens ont brûlé ce mardi une mosquée dans les faubourgs. «La police locale a confirmé cet incident à Tudun Wada, à la périphérie de la ville mais la situation est sous contrôle», a dit un porte-parole, Magaji Majia. Ce responsable devait rencontrer les chefs traditionnels et l'imam de la mosquée, ajoutant qu'un couvre-feu de 24 heures a été instauré. Selon un habitant, Ya'u Mohammed, de jeunes chrétiens s'étaient réfugiés, la veille, dans les locaux de la police pour se protéger des violences lors des émeutes provoquées par la victoire de Goodluck Jonathan. Lorsqu'ils ont quitté ce refuge, ils ont traversé un quartier musulman et mis le feu à la mosquée ainsi qu'à deux camions. «En représailles, de jeunes musulmans ont vandalisé et pillé des dizaines de boutiques appartenant en majorité à des chrétiens. Les soldats sont intervenus et plusieurs personnes ont été arrêtées», a-t-il raconté.