Thème n La célébration du 31e anniversaire s'inscrit cette année sous le signe de la revendication de la promotion de la langue amazighe. La première à ouvrir le bal est la secrétaire générale du PT Mme Louisa Hanoune qui lors du meeting qu'elle a animé le 14 de ce mois à la maison de la culture, a demandé la mise en place d'un secrétariat d'Etat chargé de la promotion de tamazight et qui sera doté d'un budget conséquent et de prérogatives ministérielles. Tout en saluant la constitutionnalisation de tamazight, deuxième langue nationale le 08 avril 2002 (article 03 bis de la Constitution), le Parti des travailleurs revendique son officialisation. Une revendication qui est partagée par d'autres partis politiques et organisations citoyennes dont les arouch. Toutefois, les spécialistes notamment les linguistes continuent à répondre à ces derniers que dans l'état actuel de la langue il est impossible de satisfaire cette revendication. Abderrazak Dourari, directeur du centre d'aménagement de la langue amazighe, qui a animé samedi passé une conférence débat à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, estime qu'il faut, au préalable, régler certains problèmes, notamment les contraintes au niveau linguistique qu'il faudra confier à des spécialistes qui «vont réfléchir avec leur tête et non avec leur cœur». Il s'agit en premier lieu de la polynomie pour décider quelle variante du berbère il faudra aménager. Puis il faudra trancher la question de la graphie de tamazight. Ces problèmes pris en charge, il faudra ensuite qu'il y ait de la production, notamment littéraire dans cette langue. M. Dourari mettra en garde contre le phénomène de création néologique tous azimuts qui nuit à la langue. Il dira à ce sujet : «Aujourd'hui on veut combler un manque de plusieurs siècles en deux jours. Il y a eu une très grande production néologique, or quand on crée beaucoup de termes nouveaux la langue est atteinte par une espèce d'indigestion car toute langue a une limite au-delà de laquelle elle ne peut pas intégrer des néologismes.» Hier, dans une conférence de presse animée à l'hôtel Lalla Khedidja, Ould Ali El-Hadi, directeur de la culture, a abondé dans le même sens en déclarant que tamazight a aujourd'hui besoin de production (littéraire, cinématographique…) pour la promouvoir et pour pouvoir réclamer son officialisation qui est «inévitable». Tout comme Louisa Hanoune, il pense qu'il faudra mettre en place une institution, une académie, précisera-t-il, qui sera chargée de la promotion de la langue et prendra en charge les problèmes d'aménagement. Une académie dont la création a été annoncée le 20 juin 2007 ainsi qu'un conseil supérieur de la langue amazighe, pas encore mis sur pied.