Stratégie n Les combats se poursuivaient tôt ce dimanche matin dans la ville assiégée de Misrata, alors que l'armée a affirmé avoir suspendu ses opérations contre les rebelles. Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a indiqué dans la nuit de samedi à dimanche que les forces armées du régime «ne se sont pas retirées de Misrata», mais qu'elles «ont uniquement suspendu leurs opérations» contre les rebelles pour permettre à des tribus de trouver une solution pacifique. Selon Kaïm, «les tribus sont déterminées à résoudre le problème dans un délai de 48 heures». «Nous estimons que cette bataille sera réglée pacifiquement et non militairement», a-t-il dit. Vendredi dernier, le régime libyen avait annoncé un retrait des forces gouvernementales de Misrata, précisant confier aux tribus loyales à Mouammar Kadhafi la mission de mettre fin au conflit par la négociation ou par la force dans la ville rebelle. Cependant, aujourd'hui vers 01h 00 du matin, les roquettes Grad explosaient en rafales sur la ville et des rafales d'armes automatiques se faisaient entendre, sans interruption. Misrata, théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre rébellion et forces loyalistes, a connu hier, samedi, son pire bilan depuis le début des combats, avec au moins 28 morts et une centaine de blessés répertoriés, selon un médecin, contre 11 morts en moyenne par jour habituellement. Le principal hôpital de la ville a annoncé avoir reçu à lui seul plus de 25 morts et 100 blessés, rebelles ou loyalistes, entre 08h 00 et 20h 30 locales. D'après le docteur Abou Falra,«c'est le plus lourd bilan en 65 jours de combats». Et, «il y en a sans doute beaucoup plus, car les combats se poursuivent, les missiles tombent partout dans la ville» et «certaines zones restent inaccessibles» aux secours, affirme une autre source médicale. Pour la première fois depuis le début du conflit, un drone américain a frappé. En réponse aux appels à une intensification des opérations aériennes de l'OTAN, le Pentagone a annoncé qu'un Predator, un avion armé guidé à partir du sol, avait mené ses premières frappes en début d'après-midi. L'OTAN a précisé que ce drone avait détruit un «lance-roquettes multiple» près de Misrata. L'agence de presse officielle libyenne Jana a indiqué toutefois que l'OTAN avait mené hier, samedi, des raids sur des «sites militaires et civils» à Tripoli, Syrte, Al-Khoms, Al-Assa et Gharyen, faisant un «certain nombre de victimes». Des raids avaient déjà visé Tripoli la veille, ainsi que la région de Zenten, au sud-ouest de la capitale, où les accrochages se multiplient avec les rebelles qui tiennent plusieurs localités de cette région montagneuse, a rapporté Jana. Ces deux dernières semaines, 15 000 Libyens ont fui vers la Tunisie dans cette zone, et le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés redoute un exode «plus important».