Résumé de la 67e partie n En tête-à-tête avec Sheila, Colin lui demande de lui dire toute la vérité... Tout ça est très joli, Sheila, mais vous m'avez caché quelque chose. J'aimerais que vous me fassiez confiance - Quoi que vous ayez fait, Sheila, je suis avec vous, moi. (Et courageusement, je lançai). Pourquoi avoir chipé le petit réveil : Rosemary ! — Quoi ? Mais pour quelle raison ? — C'est bien ce que je vous demande. — Je ne l'ai jamais touché. — Sous prétexte d'avoir oublié vos gants, vous êtes repartie dans la pièce. Eh bien, par cette chaude journée de septembre, des gants, vous n'en portiez pas, je le sais. Allons, d'accord ? Vous êtes rentrée empocher la montre ? Assez de mensonges. C'est bien ça, n'est-ce pas ? Elle gardait le silence, émiettant sa brioche. — Bon, murmura-t-elle, d'une voix éteinte. D'accord, c'est moi. J'ai fourré la montre dans mon sac et suis ressortie. — Et pour quel motif ? — A cause du nom : Rosemary. C'est aussi le mien. — Vous vous appelez Rosemary, pas Sheila ? — Rosemary, Sheila, les deux. — Et c'est pour cette seule raison que voire prénom est inscrit sur cette montre ? Elle me voyait incrédule, mais n'en démordait pas. — Je vous l'ai dit : j'étais affolée. Ainsi telle était celle que j'avais choisie, celle que je désirais pour toujours auprès de moi, ma Sheila. Aucune illusion à se faire : était une menteuse et sans doute le serait-t-elle toujours. C'était sa manière de lutter dans la vie, de mentir comme on respire. Arme d'enfant dont elle se servait encore. Nous avons tous nos défauts ; moi, j'en avais d'autres et de solides aussi. Je me décidai à l'attaque, seule tactique possible. — Elle était à vous cette montre ? Elle vous appartenait ? Elle s'étranglait : — Qui vous l'a dit ? — Allons, videz votre sac. Alors, en un récit confus, elle me dévida son histoire. Un matin, une semaine environ avant le crime, elle avait pris son réveil pour le porter à réparer chez un horloger voisin du bureau. Mais elle avait dû l'oublier, dans l'autobus peut-être ou au milk-bar où elle était allée déjeuner d'un sandwich. Elle ne s'en était pas beaucoup souciée : ce n'était pas une grande perte : le réveil étant vieux et ne marchant plus très bien. Mieux valait s'en procurer un autre. — Et puis, juste comme je venais de découvrir ce cadavre, là, planté devant moi, sur une table, près de la cheminée.., que vois-je : mon réveil ; et j'avais les doigts pleins de sang... et puis la voilà qui arrive... J'ai perdu la tête... j'avais tellement peur qu'elle lui marche dessus. Oubliant tout, je me suis enfuie. Et, un peu plus tard, réfléchissant à tout cela, je me suis rappelé que miss Pebmarsh avait dit que ce n'était pas elle qui m'avait demandée au téléphone... Alors, qui ? Qui m'avait fait venir ? Qui avait déposé ma montre là-bas ?... J'ai donc inventé cette histoire de gants... et je l'ai glissée dans mon sac. C'était idiot, n'est-ce pas ? (A suivre...)