Résumé de la 4e partie n A sa libération, Ropp va à la recherche de Rose. Il retrouve enfin la trace de la jeune fille à Neufchâtel... Cette fois, l'espoir l'accompagne dans un petit bourg du Calvados où il pense trouver Rose. Hélas ! il ne rencontre que les gendarmes. Arrêté, il s'en tire tant bien que mal et reprend la route. Pendant ce temps, une jeune fille brune aveugle avec un bras en moins est allongée sur une chaise longue dans le jardin d'un petit hôtel à Beaulieu-sur-Mer, près de Nice, dans les Alpes-Maritimes. Près d'elle, son père lui raconte pour la dixième fois comment elle a été sauvée, cinq années plus tôt, lors de l'exode de 1940 : «Nous t'avions transportée dans l'église, raconte le père. Tu étais couverte de sang. Il n'y avait ni docteur ni voiture dans le village. Je voyais bien que ton bras était presque arraché mais je ne me rendais pas encore compte que tu allais perdre la vue. Pendant que j'essayais de te donner quelques soins, les Allemands sont arrivés. Tout d'abord nous n'avons vu personne qu'un pauvre curé qui est allé chercher une trousse à pharmacie. C'est alors que ce jeune Allemand est entré. Il nous a fait peur. Il était casqué. Il tenait sa mitraillette à la main. Il avait l'air terrible. Mais quand il a vu que nous soignions un blessé et que ce blessé était une jeune fille, il a paru décontenancé. Plus tard, il a expliqué au curé qu'il venait de recevoir le baptême du feu et qu'il n'avait pas encore vu le sang couler. Lorsque le curé lui a dit que tu perdais ton sang depuis deux heures, ce terrible soldat n'était plus qu'un pauvre gosse affolé.» La jeune aveugle, sans doute pour la dixième fois, demande : «Comment était-il ? — Eh bien, je te l'ai déjà décrit, tout à fait le jeune Fritz, blond, la nuque rasée, les yeux bleus, plutôt maigre. Je me souviens encore que sa tunique faisait des plis. Il devait être fatigué, car il traînait ses bottes en entrant dans l'église.» Après quelques secondes de silence, pour aider la jeune fille à mieux imaginer, le père conclut son portrait : «En fait, un gosse, quoi ! Sans son casque et son uniforme, il a certainement l'air d'un très gentil garçon. Pour lui, que ce premier sang soit celui d'une jeune fille ça été un choc. Quand le curé lui a dit qu'il fallait qu'il prévienne un de ses officiers, il est parti comme un fou. Il s'est plié en quatre. Il a réussi à faire venir un major et à te faire conduire à l'hôpital. Là il ne nous a pas quittés pendant une heure. Malheureusement, quand tu as repris connaissance, il était obligé de partir. Comme il ne parlait pas un mot de français, il ne savait pas quoi te dire. Alors, en allemand, il t'a demandé pardon. — Je me souviens, dit la jeune aveugle. Ce sont les premiers mots que j'ai entendus en sortant du coma. J'aurais bien aimé le connaître... — Je comprends... dit le père. Malheureusement, s'il nous a dit son nom – et il a dû nous le dire – je ne l'ai pas compris. En tout cas, je ne m'en souviens pas. Moi aussi j'aurais bien aimé le revoir. D'ailleurs, longtemps j'ai pensé qu'on le reverrait. Je ne sais pas pourquoi. Il avait l'air tellement ému que j'ai cru qu'après la guerre, il essaierait de te revoir. Mais peut-être est-il mort, le pauvre gosse.» (A suivre...)