Ambiance n A deux jours de la 47e finale de la Coupe d'Algérie, la fièvre monte dans les deux camps qui animeront cette fête très attendue. «Il y a de tout : banderoles, tee-shirts, maillots à 600 DA, des casquettes à 300 DA, alors qu'en boutique elles font 1 000. En revanche, les drapeaux du Borussia sont en manque car le marché n'a pas été assez alimenté ces derniers jours», ce sont-là les propos d'un vendeur à la sauvette ou à la petite semaine du côté de la place grouillante d'El-Harrach. Là où se vendent l'arsenal et tous les accessoires du parfait supporter. Dans cette banlieue est d'Alger et dans les quartiers limitrophes, là où l'USMH possède le plus gros de ses fans, il y a de l'excitation dans l'air. Tout le monde s'active pour faire de ce dimanche 1er mai une journée exceptionnelle, voire historique dans la vie d'un club qui aspire à décrocher sa troisième Coupe et quatrième titre national (après les trophées populaires de 1974 et 1987 ainsi que le sacre en championnat de 1998). Les fans harrachis, pour ne pas dire les Kawassir, surnom qu'ils traînent depuis quelques saisons, s'apprêtent à envahir le stade du 5-Juillet et «jaunir» ses tribunes. En 1987, lors de leur dernière finale face à la JS Bordj Ménaïel, ils étaient environ 45 000 venus s'entasser dans le temple algérois. Cette année, ils jurent de prendre tout le stade et ne laisser qu'un virage à leurs adversaires de la JS Kabylie qui, eux, ne l'entendent pas de cette oreille. Les fans des Canaris ont toujours répondu en force lorsqu'il s'est agi des grands rendez-vous, surtout que cette Coupe d'Algérie est très attendue depuis seize ans maintenant, après l'avoir ratée à deux reprises face à l'USM Alger (en 1999 et 2004). Dans la ville des Genêts, la fièvre est perceptible et les supporters s'activent, eux aussi, pour venir en force comme en témoigne l'un d'eux rencontré aux alentours du stade du 1er-Novembre : «Nous aussi nous pouvons remplir à ras-bord le 5-Juillet. Vous savez bien que la JSK est un club à dimension national et a partout de nombreux supporters.» Plusieurs quartiers de Tizi Ouzou se sont mis au vert et au jaune et de grands drapeaux et posters géants habillent les édifices, aux côtés de l'emblème national. D'ailleurs, pour séparer les deux galeries, la direction de l'Office du complexe olympique Mohamed-Boudiaf a décidé de couper la poire en deux en mettant en vente 55 000 billets avec la moitié aux couleurs de l'USMH et l'autre à celles de la JSK, pour un stade d'une capacité de 66 000 places officiellement, mais un peu plus lors des grands rendez-vous. Pour ce faire, les directions des deux clubs finalistes peuvent passer un bon de commande auprès de l'OCO pour acheter des tickets, à 300 DA l'unité, puis les revendre à leurs supporters. Le directeur général de l'Office, M. Benmihoub, a précisé que les portes du stade seront ouvertes à partir de 8 heures du matin, le jour du match, et que toutes les conditions ont été réunies pour réussir cette finale, à commencer par la fameuse pelouse qui est dans un excellent état. Quant aux deux équipes, chacune a choisi son lieu de préparation. Si les Kabyles ont préféré leur stade du 1er-Novembre de Tizi-Ouzou jusqu'à demain avant de rallier la capitale pour la seconde partie de leur stage qui aura lieu à l'hôtel Samitel d'Ouled Fayet, les Harrachis, eux, ont opté pour le centre «Le Grand Bleu» de Tipaza, histoire de s'éloigner de la pression de leurs supporters et de garantir le maximum de concentration jusqu'au jour de la finale. Les deux coachs, Boualem Charef et Rachid Belhout, tentent de ne rien laisser au hasard jusqu'au moindre détail, notamment sur les plans mental et tactique car c'est sur ces deux éléments que tout devrait être joué. Pour rappel, Belhout reste sur une consécration en coupe, c'était la dernière avec le club Tunisien de l'Olympique Beja, et aspire à refaire le coup avec les Canaris cette année, sauf qu'il aura en face un entraîneur aussi chevronné que Charef qui rêve d'offrir Dame Coupe aux Harrachis. Supporters Quel accueil pour Bouteflika ? Comme le veut la tradition, la finale de la Coupe d'Algérie sera rehaussée par la présence du président de la République Abdelaziz Bouteflika qui suivra les débats depuis la tribune officielle avant de remettre le trophée au vainqueur. Mais auparavant, soit avant le coup d'envoi, le premier magistrat du pays descendra sur le terrain pour saluer les deux équipes ainsi que les arbitres. Ce moment est important car il situera à coup sûr la popularité du Président par les temps de contestations sociales qui courent. Comment réagiront les supporters des deux équipes et quel accueil aura le Président ? On se rappelle que lors des deux dernières finales perdues par la JSK, les supporters des Canaris avaient sifflé Bouteflika et tourné le dos lors de l'intonation de l'hymne national. Cette fois, la 47e finale de l'épreuve populaire intervient dans une conjoncture particulière, en pleine grogne sociale et quelques mois après les émeutes des jeunes. Evidemment, l'Etat, sur demande du Président, a pris plusieurs décisions et mesures, notamment en faveur des jeunes, mais est-ce suffisant pour préserver sa popularité comme ce fut le cas lors des deux finales remportées par le MC Alger face à l'USM Alger, en 2006 et 2007, où il eut droit à un accueil chaleureux et à un poster à son effigie ? Réponse ce dimanche vers 16 heures.