Drapeaux, tee-shirts, banderoles et autres babioles de tous genres représentant l'équipe nationale de football ont envahi les marchés, les boutiques et les rues de la capitale. Cet attirail de footballeurs s'achète comme des petits pains par les supporters, tous âges confondus. Il n'y a pas d'âge pour supporter les Verts pour ce match décisif du Caire. À deux jours du grand match, un nouveau commerce aura fait son apparition dans la capitale. Sur les étalages des magasins ou à même le sol sur des cartons, ces vêtements ou objets, dont des tasses à café, se vendent comme des petits pains. C'est la fièvre acheteuse qui s'est emparée des supporters. Les prix varient entre 150 et 3 000 DA, selon les tailles et l'origine: “Les drapeaux coûtent entre 200 à 500 DA, les écharpes, bracelets et tasses sont cédés à 250 DA”, a révélé un commerçant d'une petite table au marché ex-Clauzel d'Alger-Centre. Profitant de cette période de festivités pour soutenir leur équipe, les commerçants se font un argent fou. “Je vends environ une cinquantaine de drapeaux sans compter les tee-shirts sur lesquels sont inscrits les noms des joueurs”, a ajouté le même commerçant. Par contre, dans quelques boutiques de sport, les fans peuvent se procurer des survêtements (Puma ou Le Coq) à 2 500 DA. “Ceux-là sont importés de Turquie et de Chine. Certes, c'est de la contrefaçon, mais les gens achètent et nous les ramenons du D15 à El-Harrach”, a avoué le vendeur. La confection de tous ces produits “in” s'effectue dans des ateliers clandestins dans plusieurs quartiers populaires de la capitale. Lors d'une petite balade dans le quartier de Djemaâ Lihoud, en pleine Casbah dont 90% des ruelles sont envahies par le marché informel, des vendeurs de tout âge, dont des mineurs, squattent les rues avec des marchandises de toutes sortes de l'équipe nationale. Afin de trouver ces ateliers clandestins, il faut bien chercher car ils ne travaillent pas au vu et au su de tout le monde. La plupart sont installés dans de vieilles caves en ruine qui risquent de s'effondrer d'un moment à l'autre dans des ruelles peu fréquentées par les passants. Comme cela est le cas de Hamid, un couturier d'un certain âge, dont la plaque de tailleur est accrochée à la porte. Avec sa machine à coudre, Hamid a confectionné des milliers de chapeaux et tee-shirts depuis le début de cette bataille avec l'Egypte. “J'ai confectionné 5 000 chapeaux que je vends aux grossistes à raison de 220 DA l'unité, et là, j'en fabrique d'autres qui doivent être prêts avant le 14 novembre, pour d'autres wilayas comme Annaba”. Ce tailleur de profession se reconvertit en fabricant de vêtements de sport à chaque événement sportif important. “J'ai commencé avec le RCK, et maintenant c'est pour le match Egypte-Algérie. En fait, chaque fois qu'il y a un match, je confectionne l'attirail pour les fervents supporters. Par contre, ma plus grosse commande reste celle de ces jours-ci”, a-t-il reconnu. En s'aventurant dans une autre ruelle, nous avons rencontré un jeune d'une vingtaine d'années gérant un atelier. “On a fermé, nous ne fabriquons plus rien. Maintenant, les gens ont peur, ils se sont fait beaucoup de fric, alors ils ont décidé de fermer boutique”, a-t-il déclaré. Sur les lieux, le nombre de commerçants qui commandent ces produits démontre que de nombreux fabricants travaillent encore. Toujours dans le même secteur, une vraie usine dans une plus grande cave, qui compte au moins trois machines pour 4 à 5 ouvriers, appartient à un certain Amar. “Je peux confectionner tout ce que vous désirez, vous n'avez qu'à passer commande. Je peux vous faire des survêtements Puma, avec l'emblème national qui coûtent seulement 950 DA l'unité”, a-t-il proposé. En effet, dans son atelier, une centaine de pantalons de survêtements étaient disposés sur une petite table, et le client n'a qu'à commander les couleurs et les textes qu'il veut. “Vous avez aussi un modèle de tee-shirt de l'équipe italienne, je confectionne les logos en sérigraphie”, a-t-il ajouté. Ces tee-shirts font la fierté de ce fabricant de vêtements contrefaits qui les compte à 450 DA l'unité. Cet atelier est une vraie entreprise de confection. “Je peux vous faire pour ce soir au minimum une cinquantaine de survêtements (veste et pantalon)”, a-t-il confirmé. Le dernier atelier clandestin appartient à un certain Madjid. Rencontré par hasard devant son atelier, il était muni d'un grand sac rempli de survêtements (avec l'inscription Algérie en vert, rouge et blanc) pour enfants de 12 à 16 ans. Il se dirigeait vers un commerçant pour les vendre. “La moitié de la marchandise qui se vend ici est la mienne, et là, j'ai en ma possession 150 unités à vendre à raison de 850 DA, j'ai énormément bossé ces derniers temps. On ne s'arrête pas tout au long de l'année, on en fabrique pour les autres équipes”, a-t-il dit. Ces ateliers clandestins qui se comptent par dizaines dans ce quartier alimentent les marchands des produits contrefaits à des prix raisonnables et qui font le bonheur des supporters et des amateurs de foot.