Catastrophe Les traces des inondations causées par la tempête de l?hiver 2002 sont encore visibles. Des tonnes d?eau et de boue s?étaient déversées alors sur le bidonville entraînant les «habitations» les plus fragiles sur leur passage. Sinistrés, les habitants de la partie basse de Bouzaâroura avaient été transférés vers le CEM d?El-Bouni, transformé à l?occasion en centre de transit. Il y avait une cinquantaine de familles. On leur avait promis, ainsi qu?à leurs voisins d?infortune restés sur place, des logements RHP. Aucun n?a pris possession des plates-formes qui leur étaient prétendument destinées. Une femme d?un âge certain affirme : «Les habitants de cet enfer souffrent de la pluie et de la boue en hiver et de la poussière et des moustiques dès les premières chaleurs.» Et de préciser que les enfants contractent des maladies dès leur naissance. Ce qui n?est pas étonnant. Sans eau ni sanitaires, personne ne peut prétendre s?immuniser contre les infections. «Ces élections ne nous concernent pas, parce qu?on nous a fait comprendre que nous ne sommes pas des Algériens à part entière. Nous étions à la merci des terroristes, après avoir subi la hogra des gens du FLN de 1962 à 1990. Aujourd?hui, les messieurs des bureaux (allusion faite aux permanences des candidats à la présidentielle) viennent nous demander de faire barrage à ??flen?? en votant pour ??feltène?? et encore des promesses de travail et de logement auxquelles nous ne croyons plus», martèle notre interlocuteur. Il en est qui acceptent de parler de la campagne électorale, mais ils se comptent sur les doigts d?une main. Comme cette jeune fille accompagnée d?un garçon à peine moins âgé qu?elle. Soraya est bachelière et a pu, grâce à un oncle, décrocher un travail dans le cadre du préemploi au niveau de l?APC de Sidi Amar. «C? est la deuxième fois que je voterai. La première fois, c?était pour les députés et je n?avais pas vraiment le choix parce que je ne connaissais aucun des candidats. C?était surtout pour avoir le cachet sur ma carte», explique-t-elle en riant malicieusement. «Pour la présidentielle, ce sera plus sérieux. Je n'ai pas encore fait mon choix pour autant. Ils (les candidats) commenceront à venir à Annaba la semaine prochaine. Après, je verrai?», se croit-elle obligée de répondre, comme pour se justifier.