Résumé de la 72e partie n Lamb entre dans une pièce où il découvre la fille de la fenêtre qui lui dit s'appeler Geraldine Mary Alexandra Brown... Geraldine l'examina d'un air d'abord critique, puis approbateur. — Il est joli. Qu'est-ce que c'est ? — Un couteau pour peler des fruits. — Oh ! je vois. Pour peler des pommes et d'autres choses ? — Oui. — Ce n'est pas à moi, dit-elle avec un gros soupir. C'est pas moi qui l'ai laissé tomber. Qu'est-ce qui vous fait croire ça ? — Parce que vous étiez à votre fenêtre et... — Je suis toujours à ma fenêtre. Voyez, je me suis cassé la jambe, en tombant. — Quelle déveine. — N'est-ce pas ? — Vous devez vous ennuyer ici ? — Beaucoup. Heureusement, papa m'apporte des tas de cadeaux : des crayons, des jeux de patience. Et aussi, quand j'en ai assez de faire des choses, je regarde par la fenêtre avec ça. Et, très fière, elle exhiba de petites jumelles de théâtre. — Permettez ? demandai-je. Les prenant, je les ajustai à ma vue et regardai au-dehors. — Elles sont très bonnes. Elles étaient en fait excellentes et l'on apercevait avec une netteté étonnante, le 19, Wilbraham Crescent et les maisons avoisinantes. — Ce sont de vraies jumelles, pas pour les petits enfants, ni pour faire semblant, dit-elle. — En effet, je vois bien. — J'ai aussi un petit livre là (et elle me le montra) où je note ce qui se passe et à quelle heure. Comme quand on joue à compter les trains. Mon cousin Dick, il adore ça. Nous le faisons aussi pour les numéros de voitures. On commence à 1 et on voit jusqu'où on peut monter. — Très amusant. — Oui, c'est juste. Malheureusement, peu de voitures passent dans cette rue, Aussi j'ai abandonné depuis quelque temps. — Je pense que vous connaissez toutes ces maisons autour de vous et vos voisins également. J'avais pris un ton détaché, mais Geraldine saisit la balle au bond. — Oh ! mais oui. Je ne connais pas leurs vrais noms, mais je les ai tous baptisés. — Fort drôle, appréciai-je. Geraldine pointait du doigt. — La-bas, c'est la marquise de Carrabas, cette maison avec ces arbres abandonnés, vous savez bien : comme dans le Chat Botté. C'est fou ce qu'elle peut avoir de chats, des centaines ! — Je viens justement de parler à l'un d'eux, le chat fauve. — Je vous ai vu, fit Geraldine. — Vous êtes vraiment observatrice. Peu de choses vous échappent. Flattée, Geraldine sourit. La porte se rouvrit devant une Ingrid très essoufflée. — Tout va bien, oui ? — Très bien, répondit Geraldine d'un ton incisif. N'ayez crainte, Ingrid. Et de la tête, elle lui fit un oui énergique, avec les mains lui expliquait : — Retournez à votre cuisine. Allez, laissez-moi. A suivre D'après Agatha Christie