L'ouverture de l'audiovisuel au privé devient un passage inéluctable et urgent. La situation du secteur actuellement est très critique. C'est le constat établi par les intervenants à la conférence organisée par la commission de la formation politique du FLN sur l'évolution de l'audiovisuel en Algérie.Les professionnels de la communication sont unanimes quant à la nécessité et l'urgence d'ouvrir ce secteur au privé. «Alors que le monde connaît une évolution bouleversante des chaînes satellitaires, la Télévision algérienne a beaucoup régressé et a perdu un nombre important de téléspectateurs», a noté le professeur Abdelkader Bachir Bey dans une synthèse qu'il a présentée sur la réalité du secteur. Le docteur en communication, M.Ahmed Adimi, s'est interrogé en préambule sur le nombre des téléspectateurs algériens qui regardent la chaîne nationale. Selon un sondage réalisé par les étudiants de la faculté du journalisme, le taux des téléspectateurs ne dépasse pas les 15%. Un pourcentage qu'il a jugé non crédible d'où son appel à l'organisation d'un sondage authentique qui permet d'identifier les capacités de ce secteur et ses défaillances. L'intervenant s'est même interrogé sur la fermeture du champ audiovisuel qui est en contradiction avec l'ère du multipartisme tout en soulignant que la presse écrite a connu une évolution perceptible. Selon lui, la création de nombreuses chaînes telles que Canal Algérie, Tamazight et la Chaîne coranique est loin de répondre aux besoins des téléspectateurs. Cet avis a été partagé par l'ensemble des participants à la conférence pour qui, la création d'autres chaînes n'a pas apporté grand-chose au public puisque ces mêmes chaînes restent très pauvres en matière de programmes. Le présentateur de l'émission Les cavaliers du Coran, Slimane Bakhlili, a fait part de son mécontentement sur le niveau des journalistes et de la qualité des programmes diffusés. «Le développement de la télévision algérienne, dont le niveau s'est dégradé, ne peut se faire que par une décision politique», a-t-il suggéré en précisant que cette institution dispose des moyens techniques et financiers pour donner un produit de qualité et améliorer la grille des programmes. Le présentateur trouve tout à fait légitime que les Algériens zappent et vont sur d'autres chaînes pour s'informer et se distraire. Un autre cadre du FLN a considéré que les chaînes françaises sont devenues plutôt des chaînes nationales puisqu'elles forment l'opinion nationale et que la télévision n'a pas accompagné l'évolution de l'audiovisuel. C'est pourquoi les intervenants ont insisté sur l'urgence d'ouvrir ce secteur au privé pour encourager la créativité et permettre aux jeunes talents de se produire et promouvoir une industrie audiovisuelle. Prévue depuis plusieurs années, l'ouverture de l'audiovisuel n'arrive toujours pas à connaître le bout du tunnel. Bien que la problématique soit posée, le projet est reporté d'année en année.