Vocation n La médecine n'est pas une science exacte quand bien même elle aurait fait des progrès, mais elle a été inventée pour soulager la douleur et la souffrance du malade. Une logique qui peine à trouver des adeptes dans nos établissements hospitaliers faute de moyens et en raison de l'échec successif des politiques de santé mises en œuvre. Les erreurs médicales aussi graves que monstrueuses se produisant dans nos différents hôpitaux sont un élément de preuves parmi tant d'autres. Si les bavures ont de tout temps existé, l'ampleur qu'elles ont prise ces dernières années inquiète les malades. Elles devraient surtout interpeller les responsables de ce secteur. Environ 500 plaintes ont été déposées par les citoyens victimes d'erreurs médicales entre 2009 et 2010, selon le Conseil de l'ordre des médecins. Ce dernier a indiqué que cette période a connu aussi la fermeture de trois cabinets médicaux privés, alors qu'une dizaine de médecins relevant du secteur public ont été interdits provisoirement d'exercer leur métier. Le chiffre avancé par le Conseil de l'ordre des médecins est insignifiant. Il faut dire que beaucoup de citoyens refusent de porter plainte par ignorance ou par considération socioculturelle. Une réaction qui s'explique par l'opacité qui entoure les erreurs médicales. Faudrait-il aussi évoquer dans ce contexte l'absence totale de toute étude ou chiffres sur le phénomène ? Le département d'Ould Abbès n'a, jusque-là, donné aucune suite aux victimes sorties dans la rue, le 11 avril dernier pour demander justice. «On ne cherche pas une indemnisation. On veut juste retrouver notre santé et que les médecins responsables de ces ratages soient sanctionnés», clame Fadhila Saïdoune, une victime rencontrée le jour de la manifestation. Certains nous considèrent que la multiplication de ces erreurs est notamment liée à «la négligence et l'incompétence des médecins résidents appelés à intervenir dans l'urgence sans être assistés par un professeur». Un avis que Omar, 32 ans, victime lui aussi d'une erreur médicale, partage totalement. «La plupart des interventions ratées sont le fait des médecins résidents et de la négligence, voire du mépris vis-à-vis des patients qui ne demandent qu'à être soignés», dit-il. Les spécialités chirurgicales demeurent, en effet, les plus exposées aux accidents médicaux. «C'est dans les spécialités chirurgicales que l'on dénombre le plus d'erreurs. Seulement à ce niveau-là la responsabilité incombe à toute l'équipe. Elle est partagée par le chirurgien, les infirmiers, les anesthésistes…», estime le Dr Mohamed Bekkat-Berkani, président du Conseil de l'ordre des médecins.