Avis n Les erreurs médicales ne représentent rien devant les milliers de cas de malades mal soignés, selon le président du Conseil national de l'ordre des médecins. L'erreur médicale nous amène à parler du «concept de la responsabilité médicale par rapport à un métier important et différent des autres métiers puisqu'il s'adresse directement à l'homme. Et c'est de là qu'il tient son importance», affirme le Dr Bekkat. Il faut savoir que la responsabilité médicale, en cas d'erreur, se divise en trois stades. A commencer par la responsabilité médicale professionnelle où le médecin doit répondre devant ses pairs à travers le Conseil de discipline et le Conseil de l'ordre des médecins. Il est appelé par ailleurs à se présenter devant la justice sur plainte de la supposée victime. La justice civile donne généralement droit à des dédommagements de la victime. La justice pénale n'intervient, quant à elle, qu'en cas de faute grave avec une condamnation à la prison. Il reste la responsabilité administrative devant laquelle devraient répondre les médecins relevant du secteur public pour toute erreur médicale. Pour définir le sens de l'erreur médicale, il faudrait selon le Dr Bekkat passer en revue certains éléments essentiels à la réussite de toute prise en charge médicale. «Dans la médecine, le temps réservé à ce qu'on appelle l'interrogatoire est très important. Le médecin risque de commettre une erreur, si le malade refuse de délivrer toute la réalité sur sa maladie. Lorsque la confiance est absente dans ce colloque singulier qu'est le couple malade-médecin, ce dernier ne peut pas mettre à la disposition du patient toutes les données scientifiques acquises», dit-il. A cela il faudrait ajouter toutes les autres contraintes, à savoir la disponibilité des radios et des analyses nécessaires à tout examen complet. «Beaucoup de malades reviennent à leur rendez-vous sans la radio ni les analyses demandées lors de la précédente consultation. Des cas de figure fréquents où le médecin n'a d'autre choix que de donner un traitement au mieux de l'intérêt du malade», déplore notre interlocuteur qui évoque dans la foulée l'affaire de Beni Messous, qui a défrayé la chronique des quotidiens nationaux pendant plusieurs semaines. L'affaire qui remonte à 2007 concerne 14 malades ayant perdu la vue après avoir subi des injections ophtalmologiques. Pour le Dr Bekkat, l'origine du problème tient du fait que «le produit administré n'était pas conditionné comme cela se fait dans d'autres pays. La question qui se pose dès lors est celle de savoir si le médecin doit aussi s'occuper du conditionnement des traitements ?», s'interroge-t-il avant d'appeler à la dépénalisation de l'erreur médicale. Il explique, à ce sujet, que «nombreux sont les médecins qui se donnent à fond dans leur métier, mais risquent tout de même de tomber dans l'erreur, faute de moyens». Les praticiens, dans ce cas-là, «n'ont aucune responsabilité sur les conséquences qui peuvent en résulter ; d'où l'importance de la mise en place d'une assurance pour toute victime de ces aléas», défend le Conseil de l'ordre des médecins. Il appelle, dans ce cadre, à «algérianiser la faute médicale qui est rarement commise dans les mêmes conditions. On ne peut pas comparer les conditions de travail dans nos hôpitaux et celles des hôpitaux de l'autre côté de la mer et même des pays arabes». En somme, le médecin doit «répondre de sa responsabilité technique et non du manque de médicament ou les pannes trop fréquentes de nos scanners et nos IRM», résume le Dr Bekkat avant de conclure que la «faute médicale algérienne doit être indexée à l'environnement».