Constat n L'immeuble est un exemple éloquent de l'état de délabrement dans lequel se trouvent les constructions sur les hauteurs de la Casbah. La façade de l'immeuble est parcourue de fissures et de lézardes sur toute la longueur des murs, alors que l'intérieur offre un spectacle des plus désolants où le délabrement, conjugué à l'insalubrité des lieux, augure d'un danger de tous les instants pour les occupants : mur porteur de la cage d'escalier profondément crevassé, planchers sérieusement affaissés en plusieurs endroits, plafonds effondrés et murs fissurés ou carrément fendus. Pour «parer au plus urgent», les services de la commune de la Casbah ont procédé à la pose de madriers de soutènement mais l'affaissement des planchers les empêche de tenir fermement. Les résidents de ces appartements en ruine ne décolèrent pas face à ce qu'ils qualifient d'inertie des pouvoirs publics qui tardent à entreprendre les travaux de restauration de leur immeuble ou, à défaut, procéder à leur relogement, alors qu'il y a urgence. Curieusement, l'APC de la Casbah maintient, selon les locataires, que l'immeuble en question «a été restauré», mais que les «parties supposées superviser l'opération n'ont pas respecté leurs engagements», laissant les locataires à leur solitude face aux pouvoirs publics. Pour ces derniers, l'immeuble a eu sa part de budget alloué à sa restauration et ne pourrait prétendre à une enveloppe supplémentaire. En attendant les habitants du 44, Bd de la Victoire, un immeuble de cinq étages abritant plus de dix familles, tirent de nouveau la sonnette d'alarme et pressent les autorités concernées d'agir face au danger très réel qui les guette. Il faut dire que la plupart des habitants de la Casbah semblent ignorer jusqu'à l'existence du plan permanent de sauvegarde de la Casbah, récemment adopté par l'Assemblée populaire nationale, alors même que la loi exige qu'il soit porté à la connaissance du public par voie d'affichage. Selon des chiffres avancés par la wilaya d'Alger, la Casbah compte 1 523 bâtisses dont 982 de type algérois et 541 immeubles datant de la période coloniale. 1 415 maisons sont habitées, 108 ont été évacuées et murées, alors que 370 bâtisses ont été confortées à l'aide d'étais métalliques. Parmi les 1 163 maisons ou maisonnettes qui attendent d'être restaurées, les mêmes données avancent le chiffre de 48 unités, jugées irrécupérables et condamnées à la démolition. Dans l'ensemble, 46% du bâti de la Casbah connaît un état de délabrement avancé, 36% nécessite des opérations de restauration et 13% des interventions légères ou superficielles.