Opinion Campagne de leurres et de mensonges, c?est ainsi que la plupart des citoyens interrogés qualifient les engagements pris par les candidats. Dans les quartiers Larbi-Ben-M?hidi, Bab el-Oued, Bouzaréah, El-Biar, Belcourt ou à la Place du 1er-Mai, les Algérois tiennent le même discours : «On ne croit plus personne, car les candidats n?ont qu?un seul but celui d?arriver au pouvoir.» Pourtant certains se montrent positifs et espèrent voir un changement avec ce scrutin. C?est le cas de Zoubir, 27 ans, diplômé en droit. Ce jeune suit de près les différentes déclarations des six candidats à la présidentielle. «Le candidat Bouteflika a évoqué, lors d?un de ses meetings, la création de 1,2 million de postes d?emploi pour les jeunes. Il a promis de réaliser ce chiffre sur une période cinq ans», rappelle-t-il. Même s?il se montre sceptique par rapport à de telles promesses et d?autres, comme celles de Benflis pour la création de 1 500 entreprises par an ou de Djaballah qui assure l?octroi d?une prime à la femme au foyer, il estime que «ces promesses sont toutes légitimes du fait qu?elles sont propres à n?importe quelle campagne électorale». Pour lui, «l?important est que le président élu arrive au moins à réaliser 20% de ce qu?il donne comme espoirs aux Algériens». Pour preuve, ce licencié en droit cite les promesses tenues par le président sortant lors de sa campagne de 1999. Selon lui, «le président Bouteflika a au moins le mérite d?avoir réalisé une bonne partie de ses projets, notamment, la crise du logement avec le lancement des logements location-vente, le problème de la carte du service militaire pour les jeunes, l?amélioration de la situation sécuritaire, les projets d?aménagement des routes, les facilités d?octroi de visas pour l?étranger, Djezzy et surtout la revalorisation de l?image de l?Algérie à l?étranger». Ce constat, le jeune chômeur Omar, 22 ans, rencontré à la rue Larbi-Ben-M?hidi, le partage. Cependant, ce «hitiste» se montre beaucoup moins optimiste quant aux promesses tenues par les six candidats. «Ce sont tous des menteurs», lance-t-il amèrement. «Ils croient être des magiciens !? Comment peuvent-ils avancer de tels chiffres pour la création d?emploi alors que le problème du chômage en Algérie dure depuis des décennies ?» De son côté, un retraité, sexagénaire, rencontré au cercle Belouizdad à Belcourt est catégorique : «Dans tous les pays du monde, la campagne électorale se fait sur des promesses non tenues». Ce citoyen n?y va pas par trente-six chemins : «Ils veulent tous nous berner avec leurs promesses et leurs chiffres imaginaires qu?ils oublient, d?ailleurs, une fois le but atteint». Notre interlocuteur se remémore les communales de 1990 : «Le Pags avait mis dans nos boîtes aux lettres des enveloppes dans lesquelles il promettait une machine à laver collective dans chaque immeuble alors qu?il n?avait même pas les moyens de le faire». Hamida, Nadia et Atika, âgées entre 26 et 35 ans, célibataires et diplômées de l?université algérienne, sont au chômage et préfèrent ne pas trop croire aux promesses des candidats. «Le mois passé, des filles se sont présentées chez nous pour nous faire remplir un document pour un recensement, disaient-elles, dans le but de nous trouver un travail dans notre domaine. Mais rien n?a été fait, car cela rentre dans le cadre d?une campagne de mensonge et de leurres».