Diversification n L'ouverture de fenêtres charia compatibles au niveau des banques conventionnelles, est de nature à favoriser une plus grande expansion de la finance islamique en Algérie. C'est ce qu'a affirmé le directeur central de la banque Al Baraka, Nacer Hideur, dans un entretien accordé à InfoSoir. «Il faut aussi signaler que sur la base de la forte demande des services financiers islamiques, de nombreuses banques classiques ou conventionnelles s'apprêtent à proposer aux citoyens, commerçants, industriels ou simples consommateurs des services bancaires compatibles avec la charia», a indiqué, pour sa part, M. Serrai, expert international. M. Hideur reconnaît toutefois que, durant la crise financière, la finance islamique a fortement résisté. Pourquoi tarde-t-elle à se concrétiser sur le terrain ? En réponse, il dira : «Il est vrai que cette jeune finance demeure très marginale par rapport à la finance mondiale (-1%). En 35 ans d'existence, le total de ses actifs avoisine aujourd'hui un trillion de dollars avec une croissance moyenne de l'ordre de 15% par an. En Algérie, la part de la finance islamique représentée essentiellement par la Banque Al Baraka d'Algérie sur le marché bancaire privé, se situe autour de 15%. Sur les causes de ce retard, il dira que l'absence d'un cadre légal et réglementaire adapté, ainsi que la nouveauté de ses produits sont autant de facteurs expliquant cette faible présence, comparativement à la finance classique. Mais cela n'explique pas tout. Les établissements de crédit charia compatibles doivent s'atteler à aiguiser leurs stratégies commerciales, à améliorer la qualité de leurs prestations, à diversifier et à ajuster leur offre en fonction des besoins des opérateurs économiques. Sur le système fiscal qui doit être adapté aux opérations de financements islamiques, le premier responsable de la banque Al Baraka dit que, comme ailleurs, le monde de la finance en Algérie demeure dominé par la finance conventionnelle. La finance islamique a commencé à se faire une place dans cet univers financier qui remonte à plusieurs siècles, depuis presque 40 ans, voire 20 ans en Algérie. Comme les opérations de banque sont régies par un seul et même régime fiscal, il importe que celles effectuées selon des modalités charia compatibles soient traitées fiscalement de la même manière que leurs corollaires conventionnels. Le principe de neutralité fiscal est primordial dans l'exercice des activités économiques. Evoquant par ailleurs le rôle de la finance islamique, notre interlocuteur fera savoir qu'en Algérie, à l'instar du reste du monde musulman, les autorités religieuses, dans leur majorité, considèrent que certaines pratiques bancaires conventionnelles ne sont pas conformes aux principes de l'islam, car elles sont basées sur les emprunts ou les prêts assortis d'intérêts, ce qui est assimilé, d'un point de vue religieux, à la «rhiba» (l'usure). Le développement des autres formes de mobilisation de l'épargne et du financement de l'économie basé sur le commerce des biens et des services réels ou sur la participation aux pertes et profits, est une réponse à cette problématique qui freine le processus d'expansion des services bancaires et financiers dans notre société. Pour développer la finance islamique en Algérie, selon lui, «l'introduction de certains réaménagements d'ordre législatif et réglementaire est de nature à favoriser l'essor de certains produits de la finance islamique, tels les sukuks». En effet, seules les valeurs mobilières prévues par le code du commerce peuvent donner lieu à des émissions et à une cotation en Bourse. Aussi, ce code «devrait être complété par des dispositions visant à doter ces instruments de l'ancrage juridique, dont ils sont dépourvus pour le moment».