La finance islamique accapare 1,5% du marché bancaire total dans le pays. La finance islamique pèse 1000 milliards de dollars répartis en encours de banques à travers le monde. Même si elle est confrontée à l'absence de cadre juridique approprié, «la finance islamique représente quelque chose comme 1,5% sur le marché total algérien, et 15% des parts du marché détenu par les 22 banques privées exerçant en Algérie», a indiqué hier, le secrétaire général de la banque Al Baraka, Nacer Hideur, en marge du forum du quotidien El Moudjahid. Les fonds de cette institution bancaire mixte, ayant obtenu le même agrément que celui accordé aux banques conventionnelles, proviennent de deux principaux actionnaires, à savoir la Banque agricole et du développement rural (Badr) et le groupe El Baraka. Si initialement, les deux partenaires partageaient équitablement les actions à hauteur de 50% chacun, actuellement, le groupe El Baraka est majoritaire avec 56% des actions tandis que la Badr ne détient que 44%, a-t-il encore fait savoir. L'absence d'un cadre juridique ne constitue pas un handicap majeur à l'épanouissement et au développement de la finance islamique, a précisé notre interlocuteur. Toutefois, ajoute-t-il, cela permettrait de développer beaucoup plus cette finance s'il existait un cadre réglementaire et juridique approprié. Cet intervenant est optimiste quant à la prise en charge de cette problématique dans le cadre d'éventuelles reformes du système bancaire algérien. Selon M.Hideur, plusieurs banques islamiques du Moyen-Orient ont affiché leur volonté d'investir en Algérie. Ce forum intervient à trois jours du colloque international prévu sur ce thème, à Alger, mardi prochain. Un des freins de ce type de finance, qui développe des techniques de financement équitables comme les prêts participatifs, est certainement l'islamophobie et l'informel, selon Zoubir Ben Terdyet, responsable d'Islainveste, un cabinet conseil. Outre l'inexistence d'un cadre juridique structurant et du montant des opérations financières conforme à la logique de ces banques islamiques, il déplore qu'«il n'y ait pas autant d'intérêt accordé à ce type de finance aussi bien au Maghreb qu'en Europe». Suite aux efforts consentis en Europe par leurs gouvernements respectifs, l'Italie est en passe de devenir une référence dans ce domaine, la France de son côté a promulgué cinq instructions fiscales dans le cadre de la finance islamique. En France, à titre d'exemple, où aucune banque islamique n'est implantée, il existe cinq formations diplomantes en finance islamique. Même si dans ce pays, on lorgne les grands capitaux ou pétrodollars, on travaille sur les grands projets et on exclut de proposer les produits de ces banques aux particuliers. Cependant, cette finance censée proposer des produits conformément à la Charia est confrontée au maintien de sa position d'exemplarité. Des banques islamiques saoudiennes, pour ne citer que celles-ci, ont financé des grosses cylindrées, des Mercedes et autres 4X4 à leurs clients VIP en allant dans les mêmes dérives que les banques conventionnelles. Par ailleurs, ce genre d'institutions sont soumises au contrôle des banques centrales ainsi que des organes de supervision (Sharia Board) et les organe de régulation aux principes islamiques, comme l'Ifsb (Global Financial Stability) et un autre organisme de contrôle installé au Bahreïn. Enfin, la finance islamique, en accord avec la Charia, est basée sur deux principes: l'interdiction de l'intérêt, appelé aussi usure, et la responsabilité sociale de l'investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d'un investissement avec les résultats du projet concret auquel elle est associée. Elle interdit en théorie, les transactions tant civiles que commerciales ayant recours à l'intérêt (ribâ), à la spéculation (gharar) ou au hasard (maysir).