Halqa n La pièce Café romana a été présentée dans l'enceinte du Théâtre national dans le cadre de la 6e édition du Festival national du théâtre professionnel. Contrairement aux autres représentations qui se déroulent sur les planches, dans un espace clos, la pièce a été présentée dans un espace ouvert. La pièce a eu lieu sur la placette du TNA. Elle revisite l'art de la halqa, en plaçant le public tout autour du jeu des comédiens. Zoubir, le garçon de café, ouvre son lieu de travail et laisse entrer les quelques clients qui ne semblaient attendre que cela. Ce sont les personnages de Mohammed Dib qui, dans cette théâtralité, prennent vie, à l'exemple de Arfia, le petit Omar ou encore le célèbre Didi Barachou. Ils évoluent dans ce café qui devient, l'instant de la représentation, le lieu où chacun prend la parole. Ici, ce n'est pas le texte qui prime, mais c'est plutôt la parole. Le verbe devient le moteur du jeu théâtral. Il lui confère sa teneur et son intensité dramaturgique. Chacun prend la parole et, à tour de rôle, parle de son vécu, des épreuves qu'il traverse, épreuves qui sont aussi les maux de l'Algérie, notamment la colonisation et la Guerre de Libération nationale. Ils racontent également les petites choses de la vie. Café romana (un lieu qui existe à Tlemcen, et où Mohammed Dib s'essayait à l'écriture, puisque c'est dans ce café – allusion au grenadier qui pousse à proximité – que ce dernier avait entamé sa carrière d'écrivain, donc littéraire) témoigne de la réalité sociopolitique de l'Algérie avant et après la Seconde Guerre mondiale. Cette pièce est une adaptation du texte de Mohammed Dib sur une idée de l'ethno-conteur Saïd Ramdani et du dramaturge Ali Abdoun de la troupe El-Afssa, qui est aussi le metteur en scène. Elle regroupe plusieurs personnages tirés de l'œuvre dibienne Au café, Le fiancé du printemps, Mille hourras pour une gueuse, L'aube Ismael, et où l'on retrouve des personnages clés comme La Aïni, Omar, Didi Barachou, Arfia, Djeha, Zoubir le cafetier et «Hammou el blass». Cela suit un cheminement logique pour une fidélité dans la préservation de l'esprit du texte initial de l'auteur. Ainsi, ‘Café romana' fait revivre l'univers de Mohammed Dib. Le café devient un autre personnage de la pièce, puisque tout s'organise dans ce lieu. Notons également que la pièce s'avère plus qu'une mise en scène d'un texte, elle est aussi une mise en espace dans un langage théâtral du patrimoine culturel immatériel algérien. C'est une véritable immersion dans la vie, le quotidien de la société tlemcénienne. Toute une vie, histoire et coutumes y sont évoquées. Jouée tantôt en arabe dialectal, tantôt en tamazight, tantôt en français, la pièce, qui fait parler Mohammed Dib, se veut aussi un hommage à Abdelkader Alloula, figure de proue du théâtre algérien qui, tout au long de sa vie, s'est consacré à l'art des planches et a travaillé sur la halqa comme expression théâtrale.