Situation n Le leader libyen a de nouveau affirmé qu'il ne se soumettrait pas, alors que l'OTAN a mené ses raids les plus violents sur Tripoli faisant 31 morts. «Malgré les bombardements, nous ne nous soumettrons jamais», a déclaré le colonel Kadhafi, dans un message audio diffusé, hier, mardi, par la télévision libyenne. Quelques minutes après la diffusion de ce message, de nouvelles explosions ont secoué la capitale libyenne. Ces raids sont intervenus le jour de l'anniversaire du dirigeant libyen, né il y a 69 ans le 7 juin 1942. «Je suis à proximité des bombardements, mais je résiste toujours», a-t-il assuré, appelant «le peuple à résister». Les raids aériens sur Tripoli se sont pourtant succédé dans la matinée, puis dans l'après-midi. Selon le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, «l'OTAN a mené une attaque haineuse sur Tripoli qu'il a frappée avec plus de 60 bombes». Il a ajouté que ces raids avaient fait «31 morts et des dizaines de blessés». Les bombardements ont visé la résidence du colonel Kadhafi dans le centre de Tripoli, la banlieue de Tajoura, à l'est du pays, ainsi que la route de l'aéroport au sud de la capitale, a-t-il précisé. Dans le vaste complexe résidentiel du dirigeant libyen, régulièrement visé par les avions de l'OTAN, il ne reste désormais plus que des gravats et des ruines fumantes, selon des témoins. «Nous continuons à faire pression sur le régime en limitant la capacité de Kadhafi à donner des ordres à travers ses centres de commandement», a declaré un porte-parole de l'OTAN, Mike Bracken, assurant que les milliers de raids de l'Alliance atlantique avaient «considérablement affaibli» le régime. A Washington, Obama s'est montré encore plus clair : «Kadhafi doit quitter le pouvoir et le rendre aux Libyens, et la pression ne fera que s'intensifier jusqu'à ce qu'il s'en aille.» Le Président américain a aussi assuré voir une «tendance inexorable» vers le départ du colonel Kadhafi. Dans ce contexte, l'envoyé spécial de l'ONU, Adbel-Ilah al-Khatib, est arrivé à Tripoli pour une visite qui n'avait pas été annoncée. Il s'était déjà rendu à la mi-mai à Tripoli pour plaider en faveur d'un cessez-le-feu et d'un accès à l'aide humanitaire dans les villes frappées par les combats. A Benghazi, l'envoyé spécial du Kremlin, Mikhaïl Marguelov, a rappelé la nouvelle position de Moscou, longtemps proche de Tripoli : «Nous croyons que Kadhafi a perdu sa légitimité dès la première balle qui a tué un innocent». Il a aussi affirmé la volonté de Moscou de jouer un rôle d'intermédiaire pour faciliter le dialogue entre le régime du colonel Kadhafi et les rebelles. «La Russie est dans une position unique car elle a toujours une ambassade à Tripoli et elle vient rencontrer la rébellion aujourd'hui», a-t-il déclaré. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a cependant précisé que son pays ne cherchait pas à «endosser le rôle principal» de médiateur dans le conflit en Libye, en estimant que ce rôle revenait à l'Union africaine (UA). Aïcha Kadhafi porte plainte contre l'OTAN La fille du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a saisi, hier, mardi, la justice belge pour «crimes de guerre» contre l'OTAN, ont indiqué ses avocats, qui vont, par ailleurs, tenter de faire annuler le gel des avoirs du régime libyen décidé par l'UE. «La décision de l'OTAN de prendre pour cible une habitation civile à Tripoli constitue un crime de guerre», a déclaré l'un de ces avocats, le Français Luc Brossollet, peu après avoir déposé la plainte au nom d'Aïcha Kadhafi devant le parquet de Bruxelles et devant le parquet fédéral belge. La plainte concerne le raid effectué par l'Alliance atlantique le 30 avril dernier au cours duquel le plus jeune fils du colonel Kadhafi, Seif al-Arab, 29 ans, et trois des petits-enfants du dirigeant libyen, Seif (2 ans), Carthage (2 ans) et Mastoura (4 mois), ainsi que des amis et voisins, ont été tués. La résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l'ONU autorise l'OTAN à agir militairement pour protéger les populations libyennes, mais «même en cas de guerre, il ne faut pas s'en prendre aux civils», souligne un autre avocat de la fille de Mouammar Kadhafi, Jean-Charles Tchikaya. «Or, en l'espèce, la cible était une construction civile, habitée par des civils et n'était ni un poste de commandement ni de contrôle militaire» du régime libyen, indique le texte de la plainte. «Mme Aïcha Kadhafi, en sa qualité de mère (de Mastoura), de tante (de Seif et de Carthage) et de sœur (de Seif al-Arab), a subi un préjudice considérable, incontestablement lié aux faits dénoncés», ajoute le texte.