Résumé de la 20e partie n Arrivé chez Poirot, Hastings lui raconte toute l'histoire de Mrs Inglethorp... Vous êtes un peu nerveux, n'est-ce pas ? C'est bien naturel. Mais prenez votre temps, mon ami. Bientôt lorsque nous serons plus calmes, nous classerons les faits, méthodiquement, chacun à sa place. Nous les examinerons et nous choisirons. Nous mettrons de côté ceux qui nous sembleront importants. Et les autres, pfft ! (Il gonfla son visage de chérubin et souffla assez comiquement) nous les volatiliserons ! — Tout cela est fort bien, objectai-je, mais comment allez-vous discerner ce qui est important et ce qui ne l'est pas ? Cela me parait toujours fort difficile. Poirot secoua énergiquement la tête. Il frisait sa moustache avec un soin raffiné. — Mais non, voyons ! Un fait mène à un autre, et nous continuons ainsi. Le prochain s'ajuste-t-il au précédent ? A merveille. Bon ! Nous pouvons continuer. Manque-t-il un chaînon de la chaîne ? Nous examinons. Nous cherchons. Et ce petit fait curieux, ce petit détail insignifiant qui ne paraît pas cadrer avec les autres, nous le plaçons là. II fit un geste de la main. — C'est très important ! C'est primordial ! — Oui... oui !... — Ah ! Poirot me menaça du doigt avec une telle violence que je reculai devant lui Prenez garde ! Le détective qui dit : «C'est un petit fait qui n'a pas d'importance. Il ne s'accorde pas avec les autres, je vais l'oublier» court un grand danger. Cette indifférence mène à la confusion. Car tout, tout a de l'importance. — Je le sais. Vous me l'avez toujours dit. C'est pourquoi j'ai noté tous les détails de cette affaire, qu'ils me parussent importants ou non. Et je suis très content de vous. Vous avez une bonne mémoire, et m'avez énuméré fidèlement les faits. Je ne dirai rien de l'ordre dans lequel vous me les avez présentés, car il est vraiment déplorable. Mais je comprends que vous êtes bouleversé. Et c'est pourquoi je vous excuse d'avoir omis un fait d'une importance capitale ! — Lequel demandai-je, étonné. — Vous ne m'avez pas dit si Mrs Inglethorp avait mangé avec appétit, hier soir. Je le fixai, ahuri. Assurément, la guerre avait dû déranger son cerveau. Il était occupé à brosser soigneusement son veston avant de l'endosser et paraissait entièrement absorbé par ce soin. — Je ne m'en souviens pas, répondis-je. Et en tout cas, je ne vois pas... — Vous ne voyez pas ? Mais c'est capital ! — Je ne comprends pas pourquoi, répliquai-je, un peu froissé. Mais, si mes souvenirs sont exacts, elle n'a pas mangé beaucoup. Elle était visiblement très troublée et n'avait pas d'appétit. C'est très naturel. — Oui, répéta Poirot d'un air songeur. Très naturel. Il ouvrit un tiroir, y prit un petit portefeuille et se tourna vers moi. — Voici, je suis prêt. Nous allons nous rendre au château, pour y étudier l'affaire sur les lieux. Excusez-moi, mon ami, mais vous vous êtes habillé à la hâte et votre cravate est de travers. Permettez-moi. Il la redressa d'un geste précis. — Voilà. Partons. (A suivre...)