Images n Le Palais de la culture abrite depuis le 8 juin et ce, jusqu'au 30 du même mois, le premier Salon national de la photographie. Cette rencontre qui rassemble des jeunes passionnés de l'image prise sur le vif, instantanément, est placée sous le thème de l'insolite. Les photographies exposées témoignent d'une situation, d'un fait ou encore d'une spatialité insolite. Les événements saisis sur le moment, décrits par l'objectif sont singuliers, très originaux. Une réalité sortant visiblement de l'ordinaire. Khaled Berrezel (Tlemcen) prend deux photos «Pharmacie ???» et «Allez-y doucement». Dans l'une, on peut voir une plaque de signalisation sur laquelle est écrit (en arabe et en français) pharmacie, posée près de deux poubelles publiques ; dans l'autre, on peut voir un autre panneau de signalisation limitant la vitesse à 30 km à l'heure, fixé sur des escaliers. Fatima Chafaa, elle, immortalise, dans une photographie ayant pour titre «Une vie fi el makbara», un moment hors du commun : une famille vivant dans un cimetière de Aïn Benian ; une parabole est fixée sur le mur d'un mausolée ; à l'extérieur du linge et d'autres effets. Sarah Dib reproduit dans sa photographie «Virage en escalade», une scène magnifique et particulière : un panneau de signalisation indiquant virage à gauche, curieusement placé sur une falaise. Cette exposition se veut un clin d'œil amusant à notre réalité, à notre façon d'agir, d'entreprendre les choses naturellement, avec un comportement qui ne dénote aucune intention calculée. Ces photographies qui sont des créations, transforment la représentation de notre environnement immédiat et lui donne une autre dimension, une signification nouvelle. Entre fiction et réalité, ce sont des photographies de l'inattendu, du direct et du naturel ; chacune nous saisit et nous promène dans un univers fait de découverte et de sensation. C'est quelque chose d'extraordinaire même si certaines représentations se révèlent manifestement l'expression directe, l'illustration transparente de notre pathétique vécu. Certaines photographies témoignent effectivement aussi bien de l'ampleur que de la profondeur de ce que nous sommes, de notre mentalité, c'est-à-dire notre manière de penser, et dans quel quotidien les uns comme les autres vivent. Elles questionnent la réalité en ce qu'elle a souvent de singulier, d'incohérent, de bizarre, parfois de risible, souvent d'affectueux… Il s'agit aussi d'un témoignage subtil, vivant et d'une certaine étrangeté. Ce sont des photographies qui parlent d'elles-mêmes – l'on n'a donc pas besoin de les commenter.Le Salon national de la photographie se présente conne un espace d'expression pour tous ces jeunes artistes que les organisateurs, dont le Palais de la culture, cherchent à encourager. Il se présente aussi comme un espace d'échange d'expériences, de rencontres et, surtout, d'une sorte de «réservoir brut du savoir-faire de nos jeunes photographes qui réalisent des photos qui sortent de l'ordinaire dans une étonnante diversité d'images». Yacine Idjer