Inédit : le palais de la Culture Moufdi Zakaria de Kouba abrite depuis mercredi dernier et jusqu'au 30 juin, un rendez-vous complètement drôle, une expo de photos insolites. On a nommé cette " drôlerie " qui est née presque par hasard, salon national de la photographie insolite, et le moins que l'on puisse dire ; c'est qu'elle soit absolument insolite.Organisé visiblement à la hâte, ce salon n'a pas de thématique précise, toutefois, il englobe quelque 70 photographies paraphées par 45 photographes issus de 15 wilayas. Pour la plupart, les noms des photographes ne sont pas connus, car il faut dire que dans notre siècle des modernités, tout le monde ou presque peut selon le matériel (caméscope, cellulaire, …) dont il dispose ; de se faire l'auteur de maintes images. L'idée de monter cette rencontre, était au départ banale : un photographe, Omar Sefouane, qui avait dans ses tiroirs un paquet de photographies insolites voulait les rendre visibles en les plaçant au centre d'un espace public. Peu à peu, le même photographe s'est dit, pourquoi pas en faire une expo collective avec derrière l'idée générique du départ, la drôlerie. Il appelle donc le club algérien des photographes et le premier battement de ce salon a eu lieu comme ça. Lui, qui revendique que " l'idée est une première en Algérie ", savait auparavant, que "beaucoup cachaient chez eux ce genre de photos, c´est pourquoi j´ai voulu faire appel aux archives des photographes." avouait-il en remerciant au passage, la patronne des lieux, Mme Bouchentouf, et en ambitionnant de changer d'endroit et d'investir carrément le MAMA (Musée d'art moderne et contemporain d'Alger ", un espace qui, selon lui, n'est gardé que pour les mêmes, c'est-à-dire les privilégiés. Qui y a-t-il dans cette expo ? On sait que la photo est un support qui parfois remplace mille paroles. Parmi ces photographies où il y a des bonnes et des moins bonnes, celles-ci redonnent vie à un instantané extravagant. Ca peut faire rire, ça peut faire réfléchir, mais ça peut donner des sueurs froides lorsqu'on découvre tout ce que l'humain emmagasine comme indigence avec son stock d'ignorance. Tenez par exemple, que vient faire une voiture dans un stade de foot ? Comment les grains de sable qui ont enseveli une maison dans le grand sud n'ont pas touché la clim, vrombissante sur la photo couleur ? Quel espoir ont-ils ces mômes qui enfoncent leur canne bricolée dans une mare d'eau ? Qui a eu l'amabilité de prévenir les automobilistes par un panneau disant "allez-y doucement ", pour que le véhicule ne dévale pas sur des escaliers ? etc… Des photos parlantes. De petits récits qui renseignent à la fois sur une époque, et surtout sur des individus qui peuvent aussi bien surprendre que révulser. La photo en général raconte une histoire, comme un court récit, elle peut raconter un bout d'histoire de celui qui l'a prise. Tirées des placards, ces photographies ont une nouvelle vie. Elles sont regardées, donc partagées, elles sont discutées donc intéressent. Elles nous touchent donc elles sont belles et même jusqu'à un certain point, elles peuvent être très belles. "Ce salon de la photographie insolite est une première en Algérie, car la photographie, longtemps délaissée, a besoin d'avoir son espace et d'être aussi soutenue", a dit la directrice du palais de la Culture, Mme Bouchentouf Mahaljia. "Il s'agit également, de donner l'occasion aux jeunes photographes, d'exposer leurs produits et l'opportunité d'exprimer leur talent à travers cette exposition", a-t-elle ajouté, appelant à aider les jeunes artistes photographes, à travers l'organisation de ce genre de manifestation, notamment. "Notre mission est de soutenir la création", a-t-elle dit, et ce salon, qui sera organisé annuellement, a pour objectif de donner à la photographie sa place comme "art à part entière". Au-delà du discours, les jeunes prouvent à chaque fois, qu'ils sont dynamiques et féconds.