Résumé de la 1re partie Mlle Briget, à 82 ans, va mourir très riche : une fortune colossale accompagne son existence de vieille fille depuis cinquante ans. Vous êtes restée seule au monde ? Seule, et pour la première fois de ma vie, plus de gifles et ma paie dans ma poche. ? Vous étiez bien traitée chez les Borden ? C?étaient de bons maîtres ? ? Les maîtres sont toujours des maîtres. Je faisais mon travail et j?avais la paix. ? Et maintenant vous êtes riche. Riche d?argent de vos maîtres, pourquoi ? Pourquoi tout cet argent ? Qu'avez-vous fait pour le mériter ? ? Rien, jeune homme. Mon travail, c?est tout. A présent fichez-moi le camp? Je suis malade. Si vous voulez des ragots, allez voir n?importe qui dans cette ville, chacun connaît l?histoire. Chacun vous la racontera à sa manière. ? Les gens disent-ils la vérité ? ? Je ne sais pas, jeune homme. Les gens disent ce qu?ils veulent, ça ne m?intéresse pas. Je vous ai déjà dit de ficher le camp ! ? Vous n?allez tout de même pas appeler la police !? ? C?est déjà fait, jeune homme. ? Je ne vous crois pas. Charlie Winner aurait dû croire la vieille Briget Sullivan. Cela lui aurait évité de passer le restant de la journée dans le bureau du shérif, pour vérification d?identité? Il s?est cru malin en forçant la porte de la vieille dame : elle ne l?a reçu que pour mieux le piéger ! Le shérif, hargneux, regrette de ne pas pouvoir boucler le petit journaliste. ? Vous avez de la veine, fouille-merde ! Elle renonce à porter plainte ! Mais ne jouez plus à ce petit jeu. ça pourrait vous coûter cher? ? Elle ne peut pas m?empêcher de raconter son histoire, l?affaire est vieille de cinquante ans ! ? A votre place, je ferais attention à la moindre virgule ! C?est ainsi que Charlie Winner, en faisant attention à la moindre virgule, a raconté ce qu?il savait, ou plutôt ce qu?il croyait savoir, de la vie de Briget Sullivan : cinquante années de silence et d?or? Cinquante ans avant qu?il n?assiège la maison de la vieille Sullivan, le monde est bien différent et Briget aussi. Elle est pauvre et domestique dans la famille Borden, à Fall River, dans le Massachusetts. Ni très intelligente ni très belle, elle est passée de l?état d?orpheline à celui de vieille fille sans que personne s?en rende compte, chez les Borden. Seule et unique domestique de la maison, elle n?attire l?attention que lorsqu?elle casse une assiette? Par une chaude et belle matinée du mois d?août 1892, voici ce qu?il advient. M. Borden, le chef de famille, va faire un tour à son bureau, après avoir pris son breakfast. M. Borden, à vrai dire, est un être assez épouvantable : quand il quitte la maison, où il a compté les petites cuillères, c?est pour aller compter ses sous dans son coffre-fort. M. Borden est veuf, remarié et père de deux filles. En partant, ce matin-là, le 4 août 1892, il laisse chez lui sa deuxième femme, Abigail, sa deuxième fille Lizzie et la bonne, Briget Sullivan. L?aînée des filles, Emma, est en visite chez des amis, à trente kilomètres de là. M. Borden compte son argent pendant une heure, de neuf heures quarante-cinq à dix heures quarante-cinq. Puis il rentre chez lui. A onze heures quinze, des voisins appellent la police. Dans une autre chambre du premier étage, Mme Borden est étendue sur un tapis. Sur un canapé du rez-de-chaussée, M. Borden est étendu sur des coussins. Tous deux ont été assassinés, sauvagement, d?une bonne vingtaine de coups de hache. (à suivre...)