Embarras Empêtrés dans le bourbier irakien depuis une année, les Américains commencent à reconnaître leurs erreurs. L'émissaire du secrétaire général de l'ONU pour l'Irak, Lakhdar Brahimi, pourrait se rendre à Bagdad dès ce week-end pour travailler sur la transition politique dans ce pays. C?est ce qu?a affirmé, hier, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Il a ajouté que cette mission devrait permettre de progresser sur les modalités de la formation d'un gouvernement transitoire irakien à qui sera remise la souveraineté du pays. Il a également ajouté que Washington «s'en tenait à la date du 30 juin» pour ce transfert de souveraineté, comme prévu, mais a semblé laisser une porte ouverte à des aménagements si M. Brahimi le suggère. Sur un autre plan, le chef de la diplomatie américaine a admis pour la première fois que les informations, qu'il avait présentées l'an dernier à l'ONU sur des laboratoires mobiles irakiens, supposés faire partie de programmes d'armes chimiques ou bactériologiques, n'étaient «pas si solides». «Au moment où je préparais ma présentation, cela m'avait été présenté comme étant solide», mais «il apparaît maintenant que ce n'est pas le cas, que ce n'était pas si solide», a-t-il avoué à des journalistes dans l'avion le ramenant à Washington après une réunion de l'OTAN à Bruxelles. Il a expliqué qu'il avait demandé des explications à la CIA, la centrale de renseignements américaine avec qui il avait travaillé étroitement avant son intervention devant l'ONU le 5 février 2003, sur cette question qui érode encore la crédibilité des arguments américains pour entrer en guerre en Irak. La présentation de M. Powell à l'ONU était destinée à démontrer la présence en Irak d'armes de destruction massive (ADM) et de programmes liés à leur fabrication, dont aucune n'a été découverte depuis. L'absence de découverte de ces armes malgré d'intenses recherches a mis le gouvernement américain et son allié britannique dans un profond embarras vis-à-vis des opinions intérieure et internationale, et relancé les critiques sur la validité des renseignements présentés. Une commission d'enquête vient d'être formée pour déterminer les raisons pour lesquelles les services de renseignement américains ont estimé que l'Irak possédait des armes de destruction massive (ADM). M. Powell avait déjà laissé entendre mardi qu'il n'aurait peut-être pas recommandé une intervention américaine en Irak s'il avait eu la preuve que Saddam Hussein ne possédait plus d'ADM. Sur le terrain, les Etats-Unis se sont engagés publiquement «à faire payer» ceux qui avaient commis des actes de barbarie contre quatre civils américains mercredi à Falloujah, en Irak, et ont informé en privé le Congrès des préparatifs de ces représailles.