Résumé de la 46e partie n Poirot dit à Colin de ne jamais prendre pour argent comptant quand les voisins disent n'avoir rien vu... Ce n'est pas ainsi que je l'entends, quand je vous conseille d'aller bavarder avec eux. Bavarder, c'est le mot. Que ce soit eux qui vous parlent. Vous apprendrez toujours quelque chose. Qu'ils parlent de leur jardin, de leurs animaux, du coiffeur ou de leur toilette, qu'importe, il y aura toujours un mot révélateur. Vous me dites que leurs conversations ne vous ont rien appris. Permettez-moi d'en douter. Si seulement vous pouviez me les répéter mot à mot. — Très facile, m'écriai-je. En tant qu'assistant de l'inspecteur, j'ai tout pris en sténo. Tenez, voici. — Ah ! quel brave garçon ! Quel brave garçon ! Juste ce qu'il fallait faire ! Parfait. Je vous remercie infiniment. Gêné, je lui demandai s'il n'avait pas d'autre conseil à me donner. — Si, toujours. Cette fille, par exemple. Eh bien, parlez-lui donc. Allez la voir. Vous êtes déjà des amis, non ? Ne l'avez-vous pas reçue dans vos bras quand elle s'est sauvée, terrifiée, de cette maison ? — Les mélodrames de Garry Gregson ont dû déteindre sur vous. Vous avez adopté le ton de circonstance. — Peut-être avez-vous raison, reconnut Poirot. On finit par se laisser contaminer par le genre des romans qu'on lit. — Quant à la fille, j'aimerais mieux... je préférerais... — Ah ! c'est donc ça ! fit Poirot. Malgré tout, dans votre subconscient, vous redoutez qu'elle ne soit impliquée dans ce drame. — Non pas. Sa présence n'était que pur hasard. — Non, non, mon cher. Le hasard a bon dos. Et vous le savez bien. C'est elle, pas une autre, qu'on a désignée au téléphone. — Mais elle ignore pourquoi ! — En êtes-vous vraiment persuadé ? Plus que probable qu'elle en connaît la raison et ne l'avoue pas. — Je ne crois pas, répétais-je avec entêtement. — Et même en admettant qu'elle n'ait pas conscience de la vérité, rien qu'en lui parlant vous pourrez peut-être découvrir celle-ci. — Je ne vois pas très bien comment... euh... c'est-à-dire, je la connais à peine. Poirot fermait les yeux. — Quand deux personnes de sexe opposé se sentent attirées l'une vers l'autre, ce sont choses qui arrivent fréquemment, émit Poirot sentencieux. Joli brin de fille, n'est-ce pas ? — Eh bien, oui. — Alors, parlez-lui, décréta Poirot avec feu, puisque vous êtes déjà des amis. Et sous n'importe quel prétexte, retournez aussi voir l'aveugle, pour bavarder avec elle. Allez aussi à l'agence, pour une raison quelconque, faire taper un rapport, par exemple. Là, quoi de plus facile que de faire connaissance avec une des jeunes employées ? Et ensuite, revenez me voir pour me raconter tout ça. — Pitié ! m'écriai-je. — Non, non, fit Poirot, ça va vous dis-traire. — Vous ne vous rendez pas compte que j'ai aussi mon travail personnel. (A suivre...)