Engagement n «Je ne suis pas musulman, mais je suis Algérien d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. Ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur.» Cette phrase a été prononcée par Henri Maillot, un Algérien, un martyr. Comme lui, il y en a beaucoup, des hommes et des femmes : Fernand Yveton, Maurice Laban, Lavalette Evelyne, et tant d'autres encore. Un hommage a été rendu hier à cette dernière, au centre de presse d'El Moudjahid dans une conférence à thème historique, portant sur la contribution des militants d'origine européenne à la Révolution de Novembre. Du haut de ses 84 ans, l'ancienne prisonnière des geôles de la France coloniale est venue témoigner encore une fois son attachement aux valeurs de Novembre. «Nous avons milité pour que l'Algérie retrouve son indépendance. Et après 62, nous avons également combattu pour qu'une Algérie fraternelle naisse», a déclaré la moudjahida Lavalette. Visiblement émue par tant de marques de respect et de reconnaissance, celle qui a eu pour noble mission d'héberger des hommes comme Abane, Krim, Ouamrane, Benmhidi dans son domicile à la rue Khelifa Boukhalfa, au centre d'Alger, dira en toute modestie que «tout ce que je suis et ce que j'ai fait, je le dois à ceux avec qui j'ai milité pendant et après l'indépendance». Cette révolutionnaire ô combien valeureuse qui a choisi «l'autre camp», celui de l'Algérie, en dépit de leurs origines «mérite vraiment tous les égards et le respect», déclarera Ali Haroun, lors de sa prise de parole. Même avis chez Abdelhamid Mehri qui était présent également aux côtés d'Ali Kafi, et un panel de personnalités révolutionnaires et de représentants de la société civile qui ont tous tenu à rendre un vibrant hommage à ces combattants de la liberté. Pour sa part, Zoulikha Bekaddour, une ancienne condamnée à mort et moussabila de la première heure, a dénoncé l'oubli dont fait l'objet cette catégorie de Novembre. «Depuis l'indépendance, notre statut a été marginalisé, ignoré. Nous voulons être considérés comme des Algériens de souche, pourquoi une telle distinction ?» s'interroge-t-elle. «Nous sommes d'origine européenne, mais nous avons milité pour l'indépendance de l'Algérie, et aujourd'hui, nous sommes marginalisés», dénonce-t-elle encore. Pour Ali Haroun, lors de la Révolution de Novembre, des militants algériens portant des noms français ont considérablement contribué à l'indépendance. «Ces Algériens d'origine européenne ont sacrifié leur vie pour que l'Algérie soit libre et indépendante. Il n'y a pas que le réseau Jeanson en France, mais d'autres aussi dans beaucoup de pays européens, tels que l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse et autres», a-t-il tenu à rappeler.