Des moudjahidine, des représentants de partis et des citoyens ont répondu à l'appel de sa famille et sont venus rendre hommage à l'engagement de ce martyr de la guerre de Libération. Henry Maillot a perdu la vie à 28 ans aux côtés de Maurice Laban, Hanoun Belkacem, Djillali Moussaoui et Zelmat Abdelkader dans une embuscade tendue par l'armée coloniale et les harkis sous les ordres du bachagha Boualem. Le grand absent de cette cérémonie fut sans conteste Mustapha Saâdoun, compagnon de Maillot qui avait, avec deux de ses camarades, réussi à survivre à la tuerie du Djebel Derraga. Saâdoun, décédé en février 2009, se faisait un devoir d'assister régulièrement, malgré son âge, à cette commémoration. Il était le dernier survivant des «maquis rouges». Henry Maillot, aspirant de l'armée française, membre du Parti communiste algérien (PCA), avait déserté sa caserne, le 4 avril 1956, en détournant un camion rempli d'armes et de munitions. Les armes devaient être remises aux «combattants de la libération», groupe formé par le Parti communiste algérien (PCA), puis aux membres de l'ALN après la signature des accords PCA/FLN de juillet 1956, portant intégration individuelle des militants du Parti communiste algérien à l'ALN. Le commandant Lakhdar Bourgaâ, ancien responsable à la Wilaya IV, estime que ces armes ont permis au FLN de respirer et d'intensifier ses attaques à travers toute cette région. «L'Algérie, ma patrie» Dans sa lettre parvenue aux rédactions des journaux, Maillot déclarait : «(…) Je ne suis pas musulman, mais je suis Algérien d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. Au moment où le peuple s'est élevé pour libérer son sol national du joug colonial, ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur.(…) Tous les hommes de progrès de France et du monde reconnaissent la légitimité et la justesse de nos revendications nationales. Le peuple algérien, longtemps bafoué et humilié, a pris résolument sa place dans le grand mouvement historique de libération des peuples coloniaux qui embrase l'Afrique et l'Asie. Sa victoire est certaine. Et il ne s'agit pas comme, voudraient le faire croire les gros possédants de ce pays, d'un combat racial mais d'une lutte d'opprimés sans distinction d'origine contre leurs oppresseurs et leurs valets, sans distinction de race.» Une déclaration qui lui a valu une campagne de haine menée par la presse colonialiste. L'Echo d'Alger le désignera, d'ailleurs, comme «l'aspirant félon». Il sera condamné à mort par contumace le 22 mai 1956, par le tribunal militaire d'Alger. Comme de nombreux autres Algériens d'origine européenne, Henry Maillot avait choisi de lutter pour l'indépendance de l'Algérie et se battre contre les inégalités propres au système colonial. Le souvenir de leur engagement doit rester présent dans toutes les mémoires.