Résumé de la 3e partie n Quels moyens peut-on trouver pour que Cherryl Lynn soit opérée ? «Certes nos lois sont plus circonspectes et plus humaines et elles respectent les droits paternels mais Cherryl a aussi un droit : celui de vivre.» Car le patron, lui, ne voit qu'une chose, c'est que, tandis que Mme et M. Lynn prient, Cherryl dépérit dans son berceau. Or pour la sauver peut-être suffirait-il d'une transfusion, et pour effectuer cette transfusion il suffirait d'une autorisation. Alors il lui vient une idée : puisque les parents refusent l'autorisation pourquoi ne changerait-on pas les parents ? Il s'adresse à un tribunal, qui, selon une procédure, peut-être assez peu orthodoxe et en application peut-être approximative de la loi américaine, admet sa requête. Cherryl doit être confiée à un père adoptif provisoire. Il s'en présente une centaine. Les instances administratives et le patron choisissent celui qui leur semble être le meilleur : un garagiste de trente-cinq ans, grand garçon brun, athlétique dont la femme de trente ans, infirmière blonde et sportive, ne peut pas avoir d'enfant. Dès qu'il est informé que sa requête est acceptée, le nouveau «papa» se précipite à l'hôpital, dans le bureau du patron, pour y signer la fameuse autorisation d'exsanguino-transfusion. Tout est déjà prêt : les donneurs sont sous pression et l'opération a lieu sur-le-champ. Pendant les jours et les semaines qui suivent, le père adoptif et sa femme, tour à tour, ne quittent pas le bébé une minute. Leur vie semble suspendue à celle de l'enfant. Après quelques semaines, Cherryl est considérée comme guérie. C'est alors que surviennent M. et Mme Lynn. Il a, comme le premier jour, son costume croisé tenant du gris et du marron. Elle a sa jupe de lainage gris et son corsage épais de couleur uniformément rouille des poignets jusqu'au cou. «Nous venons reprendre notre fille... » dit Mme Lynn. Consternation dans l'hôpital. Le personnel jetterait volontiers à la porte cette femme aux yeux gris, raide comme la justice et son mari au front étroit et – à la voix trop douce. Il s'explique calmement : «Notre incapacité à assurer la responsabilité de notre enfant tenait à notre refus d'accepter l'exsanguino-transfusion. Notre fille étant guérie, l'incapacité ne peut plus être retenue contre nous et nous reprenons tous nos droits sur notre fille. — Ce n'est plus votre fille, c'est la nôtre !» s'exclame alors le garagiste. Et avec l'aide de sa femme il obtient que l'hôpital lui remette Cherryl Lynn. Le premier réflexe de M. et Mme Lynn est de leur courir après jusque sur le parking où la police, prévenue par l'hôpital, les interpelle. M. et Mme Lynn n'insistent pas et décident de s'adresser à la justice. Un avocat va donc plaider pour eux : «Mes clients, dit-il, n'ont jamais abandonné leur enfant. Mais ils n'ont pas voulu désobéir à Dieu. Nous sommes un pays chrétien où chacun sait que la loi divine doit être respectée avant la loi humaine. D'ailleurs, ils ont si peu abandonné Cherryl qu'ils ont prié pour elle jour et nuit. Alors qu'est-ce qui prouve que c'est votre transfusion de sang qui a sauvé Cherryl ? Qu'est-ce qui prouve que ce n'est pas leur prière ?» En réponse, l'avocat du garagiste produit les conclusions unanimes de dix experts consultés par la justice américaine. Pour eux, il ne fait aucun doute que Cherryl serait morte aujourd'hui si l'on n'avait pas opéré la transfusion sanguine. (A suivre...)